victoryhands
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Victory Hands
Anderson – 10''
Headphone Treats 2016
Bernstein – 7''
Headphone Treats 2017

Voilà un groupe avec une drôle d'obsession. Elle a pour nom Richard Nixon. Toutes les paroles de leurs six morceaux répartis sur deux disques sont issues des discours de l'ancien président américain ou des cassettes enregistrant les conversations de Nixon avec son administration et ses conseillers. Les titres de leurs deux disques ont pour nom des journalistes qui ont mis de sérieux bâtons dans les roues de Nixon, à savoir Carl Bernstein qui révéla l'affaire du Watergate et Jack Anderson. Le nom du groupe est un clin d’œil appuyé au V de la victoire que Nixon adorait faire en de maintes occasions. Et quand il s'agit de faire la promo de leurs disques, les trois membres de Victory Hands portent à merveille le masque de Nixon. Je ne saisis pas le concept si jamais il y a quelque chose à comprendre mais qu'importe, l'important est que la musique derrière assure.



Un trio d'Atlanta qui n'en est pas à son premier groupe. Cependant, on ne connaît rien de leurs précédents projets à part pour le batteur, ancien membre des mythiques Fiddlehead mais uniquement sur Moneyman, le tout premier 45 tours qui est, pas de bol, le seul disque très dispensable de leur discographie alors que tout le reste sonne d'enfer. De cette époque, Victory Hands a gardé l'amour de la caisse claire qui claque. Pour le reste, Victory Hands investit un champ sonore plus mesuré, parlant un langage qui pourrait se rapprocher de groupes actuels comme Maple Stave, The Gary et Nonagon ou le Tar de Over And Out, un noise-rock fait avec classe, harmonie et juste ce qu'il faut de nervosité et de crêtes de tension.
Leur premier enregistrement date de 2016 et se nomme Anderson. Un très beau 10'' avec une pochette noire et blanche. Existe aussi en version ultra limitée avec des pochettes en cuir. L'élégance en toutes circonstances. Deux titres, un par face avec The Guy We Can Kick (spéciale dédicace à Salvadore Allende de la part des rapaces de Washington) et les six minutes de If They Give Him The Shaft. Deux morceaux dont l'enregistrement remonte déjà à novembre 2014. On y découvre un trio qui fait du noise-rock avec du cœur et plusieurs voix, des guitares qui sentent l'aluminium, des structures légèrement complexes pour If They Give Him The Shaft n'empêchant nullement la compréhension avec un esprit rock pour faire couler la sueur. Victory Hands a bien débuté dans la vie.







Le nouveau single Bernstein comporte quatre titres. Et un mignon petit chien en couverture qui doit sûrement être une référence à Checkers, le chien noir et blanc que Nixon avait déclaré avoir reçu en don pour ses enfants, le seul don qu'il n'ait jamais accepté alors que de nombreuses accusations de pots-de-vin et autres magouilles pesaient sur lui. Et tout ça, à la télévision, sans sourciller, la main sur le coeur.
Face A, deux titres enregistrés en septembre 2016, Nixon Is My Copilot qui est un instrumental et Lady Of The Lake, un poème de Sir Walter Scott mis en musique en 1812 par James Anderson. La version de Victory Hands est là encore sans parole. Ce groupe est bizarre. Et les deux morceaux un brin anecdotique. C'est assez nerveux, c'est fin mais ça ne va pas chercher bien loin.
Face B, Victory Hands retrouve la voix et les discours de Nixon. Avec deux titres, Undressed To The Tease et September 23, 1952, dont l’enregistrement remonte à juillet 2014. Et qui tiennent mieux la route surtout pour Undressed To The Tease qui aurait quelques accointances avec le rock-noisy de Mission Of Burma, Volcano Suns ou Shiny Beast. Oui, je sais, encore des vieux qui ne parlent plus à personne sauf à deux, trois radoteurs dans le fond. Mais c'est aussi ça Victory Hands, une musique puisant ses racines dans les années 90, dans ce noise-rock alerte, légèrement anguleux, n'hésitant pas à mettre de la mélodie dans ses dissonances avec ce qu'il faut de modernité pour parler au plus grand monde. Un nouveau format long est attendu pour cette année. Nixon vous remercie de votre attention.

SKX (17/03/2017)