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thegary sickroom |
The
Gary Farewell Foolish Objects - LP+CD Sick Room 2014 C'est déjà
le cinquième album pour les discrets The Gary. Un trio d'Austin
contredisant la légende voulant que tous les groupes texans possèdent
un grain de folie et de réalité distordue plus élevé
que la moyenne nationale. Voir mondiale. The Gary n'est pas taillé
dans ce bois là. The Gary ne fait pas de bruit mais The Gary fait
un bruit qui te poursuit. Sous son apparente sobriété, pour
ne pas dire sévérité, The Gary écrit des morceaux
qui finissent par vous happer et vous chauffer pour tout l'hiver. Le trio
continue ainsi son uvre de désossement entrepris sur le précédent
album Remains.
Dans une veine identique, voir encore plus introspective, Farewell
Foolish Objects débute par Blank et la seule présence
de Dave Norwood, sa ligne de basse sur laquelle il faut tendre l'oreille
pour l'entendre et son chant dont les premières paroles sont I
drew blank in the morning / I beat the sun... again. L'ambiance du
disque est donnée, c'est à dire un putain coup de cafard
avant l'entrée fracassante du batteur (Paul Warner) et du guitariste
(Trey Pool) pour une version percutante et noise-rock asséché
du blues. Car The Gary ne se laisse jamais aller à l'apitoiement.
C'est mélancolique mais dur et sec à l'extérieur
ou le contraire, je sais plus trop bien, le cur est indestructible
sous son apparent abattement. Et quand il faut montrer les crocs et élever
la voix, The Gary sait faire aussi. Le trio passe maître dans l'art
des contrastes, de la gestion des volumes et des sentiments retenus tout
en se montrant dans leur plus simple appareil. Le violon de l'invitée
Laura Bianco intervient sur Fall From High et Original Air-Blue
Gown, une reprise de Mountain Goats, nous donnant à cette occasion
une clef pour mieux appréhender The Gary. A savoir une musique
intimiste puisant son inspiration chez des groupes indie-folk et exécutée
par des groupes comme Shipping News ou Slint, du noise-rock saillant qui
n'hésite pas à montrer les muscles quand la discussion n'est
plus possible, la mise en place d'un rock à l'esthétisme
vibrant et dénudé. Farewell Foolish Objects, recueil
de neuf compositions brèves, attachantes, profondes, sans frime
et qui ne vont toujours pas défrayer la chronique. Un disque à
chérir seul dans son coin. |