truewidow
relapse

















True Widow
Avvolgere – 2xLPs
Relapse 2016

Il n’est jamais trop tard pour faire des belles découvertes et celle-ci en est une : True Widow est un groupe texan qui existe depuis une dizaine d’années et dont Avvolgere est le quatrième album (le deuxième chez Relapse). Quelle ne fut donc pas ma surprise en découvrant que le site de Perte & Fracas ne fait presque pas référence au trio de Dallas et qu’un seul de ses premiers albums y est chroniqué. Il est évident qu’en son temps le patron n’avait pas aimé plus que ça As High as the Highest Heavens and from the Center to the Circumference of the Earth, ce qui explique sûrement qu’il a ensuite fait l’impasse sur le troisième album de True Widow, le magnifique Circumambulation, album que les fanatiques du groupe ont tendance à considérer comme son meilleur à ce jour... Certes le patron n’avait pas aimé mais il avait quand même écouté le même disque que celui que j’ai découvert bien des années après : ainsi tout ou presque de ce qu’il avait pu alors reprocher à True Widow possède une valeur inestimable à mes yeux et me va droit au cœur. Sûrement mon côté emokid qui me joue encore des tours.

Quoi qu’il en soit, même si les disques de True Widow se suivent et se ressemblent et même si le prédécesseur direct d’Avvolgere se doit de figurer en très bonne place dans toute discothèque qui se respecte, le quatrième album du groupe est une pure splendeur. La musique de True Widow repose sur peu d’éléments et ces éléments sont indissociables les uns des autres, alchimie parfaite et merveilleuse d’une musique rongée jusqu’à l’os par la mélancolie et la rouille : les rythmes sont invariablement lents et lourds, les riffs de guitare simples et répétitifs, le chant masculin ou féminin (plus rarement, ce que je regrette toutefois un peu) lointain et brumeux, les ambiances partagées entre torpeur écrasante et spleen aérien… True Widow est un groupe complètement paradoxal et c’est pour cette unique raison qu’il est aussi inestimable qu’attachant. Le trio n’offre rien, ne promet pas grand-chose mais ouvre toutes les portes d’une sensibilité délicate entre moiteur blanche – sûrement l’excès d’ensoleillement au Texas – et glaciation des sentiments exacerbés – le cœur en bandoulière.

J’ai finalement peu d’équivalents, peu de noms et peu de références à donner pour décrire davantage True Widow et sa musique à la fois tellement ancrée dans la chair et à la fois semblant provenir de nulle part, sorte de shoegaze joué en version stoner par des fans de Slint ou du Darklands de Jesus And Mary Chain. Je n’ai rien à dire de plus et c’est tant mieux : Avvolgere n’en finit pas de dérouler ses secrets et en même temps le disque s’échappe, s’évapore et se recompose sans cesse, monstre fascinant au pouvoir de séduction inévitable et bête sauvage d’une beauté finalement foudroyante mais fuyant les regards dès que l’on essaie de l’approcher. Si j’en crois aussi les explications que m’a données mon vieil oncle préféré, « avvolgere » signifie quelque chose comme « enrouler » en italien… oui ce disque s’enroule autour de vous, vous tient aussi fermement que délicatement mais il est impossible de le posséder totalement, définitivement, tel un bel amour enfui.

Hazam (26/02/2017)