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Térébenthine
Visions – LP
Atypeek/Axe Musique/Arbouse/Ocinatas/Pied De Biche/Poutrage 2017

Térébenthine, c'est comme le bon vin, plus il vieillit, meilleur il est. Mais n'en faites pas le même usage. Après des débuts mitigés en 2014, le duo français avait passé un sérieux cap avec le split partagé avec Isaac. Désormais, sur ce premier album, tout s'est parfaitement mis en place, Térébenthine est lancé sur une voie royale. Une voie pas simple, largement embouteillée, une voie où la sortie de virage est aisée, celle du duo instrumental guitare-batterie qui en a vu passé d'autres, des vertes et des pas mûres. Ou des blettes et des trop cuites, c'est pareil.
Visions n'a pas d’œillères. Multiplication des approches, variété des sensibilités, diversité des ambiances, Visions n'a pas de limite et balaie un champ musical et d'émotions suffisamment grand pour ne pas se sentir à l'étroit dans ce style. Il y a de la flamboyance et de la chaleur pour toute l'année avec Térébenthine. Des grandes envolées spectaculaires et un arrière goût de blues ramenant souvent les pensées vers L'Effondras. De magnifiques moments où on se sent en apesanteur, en sécurité, bercer par des arpèges lumineux, des effets d'un étrange psychédélisme (comme la fin de Goutte d'Eau) et des accalmies qui font décoller au lieu de plomber. Visions raconte des histoires sans paroles mais elles parlent pourtant au creux de l'oreille, fait apparaître des images qu'on croit voir, dévoile le long fil invisible de compositions généreuses et narratives. Térébenthine passe maître dans le dialogue guitare-batterie qui pourrait faire croire qu'ils sont beaucoup plus nombreux que prévu. Un dialogue agité mais toujours limpide au final où le but recherché n'est pas la démonstration technique mais de créer une enveloppe, un climat parlant avant tout au cortex sensitif. Et pour vibrer, ça vibre.
Térébenthine ne perd jamais le fil, fait preuve d'une très grande finesse, d'une nervosité constante qui donne du relief, insuffle des mélodies qui chamboulent, des pointes de lyrisme qui s'ignore, une rythmique libre et inventive, qui pulse ou se retient, de la frénésie quand il faut mettre de la folie, des éruptions qui perdurent dans les muscles avec toujours une très grande classe.
Quelques cris dans le fond sans micro, un sample discret pour ouvrir le disque sur Au Nom Du Paère ou sur le dernier, Mer Noire, à la suite duquel, pour les détenteurs de la version CD, un morceau caché surgit (et il n'est pas là pour faire de la figuration), Térébenthine pense à tout, peaufine dans le moindre détail six magnifiques morceaux (avec en tête de liste Un Jour Encore). C’est impeccablement mis en boite par Benoît Courribet (Xnoybis) et intelligemment élaborés emportant ainsi tout sur son passage. Que tous les chantres du post-rock et autres adeptes de la musique instrumentale en prennent de la graine, Visions rayonne, voit plus loin et offre un numéro de haute voltige.

SKX (07/10/2017)