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Drei
Affen s/t LP Arkan, Blessed Hands, Dingleberry, Discos Finu, Don't Care, Hydrogen Man, Krimskramz, Life Is A Funny Thing, Monte Calvario, Pifia, Pure Hearth, Rakkerpak, Rubaiyat, Screamore, Unlock Yourself, Voice Of The Unheard, Zegema Beach records 2017 Sur la face non-gravée de ce disque, vous avez le droit à un belle gravure ainsi qu'à une inscription en espagnole qui peut se traduire par Le feu que le vent ne pourra jamais éteindre. Cette image colle parfaitement avec l'impression laissée par le premier enregistrement de Drei Affen dont le nom sonne allemand mais qui vient bien d'Espagne (Torrelavega). Et ce n'est pas un petit feu de cheminée que Drei Affen entretient. C'est un putain de brasier qui enflamme littéralement les sens. Et qui renvoie à un feu d'antan qui nous avait beaucoup marqué mais qui s'est éteint de sa belle mort, le screamo hardcore. C'était l'époque du Chaos Is Me d'Orchid, du Envy quand ce groupe japonais (tout début 2000) s'écoutait encore avant qu'il ne s'étiole dans les méandres d'un post-rock lénifiant et de toute une cohorte de groupes qui mettaient une passion et une rudesse dingue dans leur mal-être quotidien où il n'était pas question de s'apitoyer sur son sort en se regardant le nombril. Drei Affen retrouve exactement ce sentiment d'urgence, cette intensité à couper au couteau, cette façon de frôler le ravin et d'engendrer le désordre sans tomber dedans. Les six titres du trio espagnol possèdent de l'épaisseur, de la rugosité, un gros grain de frénésie contagieuse qui ne fait pas semblant. La bassiste-chanteuse hurle à plein poumons avec du coffre et on en redemande. J'ai souvent pensé à Gerda dans les intentions fiévreuses et désespérées mais droit dans ses bottes, dans ce vernis noise que Drei Affen applique sur son socle hardcore. Le batteur n'arrête pas de mouliner dans tous les sens, de marquer chaque frappe d'un impact de mule. On peut toujours avancer que chaque titre ressemble un peu trop près au précédent et au suivant, notamment dans les accords poignants de la guitare et malgré quelques respirations ne durant jamais très longtemps. Mais on s'en tape car c'est suffisamment court pour ne pas s'en lasser. L'adrénaline et l'émotion brute n'ont pas le temps de se dissiper, l'effet général est saisissant. Un disque cathartique. Voilà comment le screamo aurait toujours dû sonner. Pour sortir ce disque, dix sept - oui vous avez bien lu, dix-sept - labels ont été nécessaires. Ils ont même été cherché jusqu'en Malaisie (Arkan records) en faisant un petit détour par la Russie. Vous connaissez le dicton plus on est de fous, plus on rit mais là, je crois qu'ils vont finir par se mettre sur la gueule. Et si vous comptez la version cassette, il faut rajouter trois labels supplémentaires. Ce qui n'empêche pas que ce disque est épuisé. A part sur une ou deux distro si vous cherchez bien. Sinon, Drei Affen propose un téléchargement libre sur son bandcamp. Foncez. SKX (20/10/2017) |