gerda
wallace
sonatine
fallo
lafine
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Gerda
Your Sister LP
Wallace/Sonatine/Fallo/Lafine 2014
J'ai beau
être prévenu, à chaque fois que j'enclenche Gerda
dans la machine à sons, je suis pris au piège. Tout le reste
peut bien s'écrouler, plus rien ne compte, c'est l'enfer ici bas,
je m'enferme et je passe mes nerfs avec Gerda.
Leur hardcore-noise mutant est un truc de malade. Dans tous les sens du
terme. Le groupe italien sort son cinquième disque. Les chroniques
de leurs précédentes productions (un self-titled,
Cosa
Dico Quando Non Parlo, III
et un split
LP avec Dead Like Me) pourraient être condensées et resservies
brûlantes pour ce nouvel album, on y verrait que du feu. Les mots
intensité, pression, torture mentale écrits pour l'éternité
au burin au fronton de Gerda. Gerda fait du Gerda. Je sais pas si c'est
une bonne chose ou non. Et j'avoue que j'en ai rien à foutre car
je suis tellement accro qu'ils peuvent faire le même album pendant
quarante ans, je plongerais toujours tête la première.
En creusant bien, on pourrait sûrement trouver quelques différences
entre tous leurs enregistrements, de menus détails à gratter
mais tout ça ne serait que vaines justifications à la noix
pour parler d'une musique plus forte que toi, qui se prend tel quel, qu'on
adore ou qu'on rejette en bloc.
Leur grand mérite est surtout de ne pas baisser en qualité.
En 2005, Gerda est monté d'un coup à des hauteurs vertigineuses
et n'est plus jamais redescendu.
Alors je ne sais pas ce que ta sur leur a fait mais Your Sister
les a franchement remonté contre la terre entière. Une nouvelle
fois donc. Une immense boule de nerf sans une once de gras et un épais
manteau noir, d'une noirceur qui rend aveugle. Sept titres d'un hardcore
d'un autre genre qui a plus à voir avec les intentions de Pord,
cette pression continue qu'ils vous infligent, le syndrome du rouleau-compresseur
répétant les plans à en crever, créer des
décalages qui montent d'un cran dans l'insoutenable, une rage désespérée
suintant de chaque note. Le chant écorché se fond dans la
lave, les rythmiques tournent et te retournent le cerveau, Gerda ne fait
qu'un et embarque tout sur son passage. Comme Gerda n'est pas un groupe
hardcore-noise comme les autres (c'est pas faute de vous le répéter),
leurs titres suivent régulièrement des développements
au delà des cinq minutes, le temps nécessaire pour rendre
dingue, que leurs morceaux prennent possession de vos dernières
résistances. Potshots, Tua Sorella, Iridio,
ça sent la petite mort mais que dire de Reich Reich et ses
dix minutes stupéfiantes. Bizarrement, c'est le morceau le plus
respirable (pour du Gerda bien sûr). Un mid-tempo appuyé,
un groupe sur la corde raide avec au milieu, des accords mélancoliques
et quasi épiques de guitare qui font chialer, une montée
à rincer le cur et au delà, une chute vertigineuse
dans une brume électrique à couper au couteau. Et c'est
ce qu'on aime par dessus tout avec Gerda, c'est que tout ça est
fait brutalement, l'émotion est âpre, hostile et chaleureux
à l'intérieur, angoisse sans affection, une colossale fureur
d'un groupe hélas trop sous-estimé alors que c'est ce qui
se fait de mieux depuis dix ans.
SKX (18/10/214)
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