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Zeus!
Motomonotono – LP
Three One G, Tannen, Sangue Dischi 2015


Choc des titans, Zeus tête contre tête, dans le fracas des cornes, foudre contre la foudre. Le duo italien a publié son troisième album à l'automne dernier. Après un furieux air d'Opera, Motomonotono n'est pas la signe que Zeus s'est mis à faire de la musique japonaise mais la poursuite d'une approche jusqu'au-boutiste. Il ne faut plus chercher à comprendre. Zeus, c'est plus fort que toi.
Il est toujours difficile de dire si le présent album franchit un palier supplémentaire dans la violence et la frénésie quand les deux albums précédents étaient déjà de sulfureuses pièces en fusion. Mais quand les premiers coups de tonnerre ouvrent l'album, on se dit que le bassiste Paolo Mongardi semble avoir mis un bon degré de distorsion de plus sur les cordes de son instrument et que Luca Cavina le batteur va avoir des problèmes par la Ligue de défense des caisses claires. Ça pulvérise, ça matraque et ça va encore plus droit et plus profond que d'habitude sans chercher à lobotomiser les esprits façon Lightning Bolt. Chez Zeus, ça réfléchit beaucoup, ça feinte et ça joue dans une cours plus maléfique, voir grind-noise (et pas seulement parce qu'un titre se nomme All You Grind Is Love). C'est donc plus rêche et dur que jamais, avec un souci d'accentuer la pression, de répéter les efforts jusqu'à explosion des muscles comme sur le saisissant Forza Bruta Ram Attack dont le titre suffit à faire trembler dans les chaumières. On a beau connaître la formule, les joutes rythmiques inventives et le groove incendiaire marchent à plein tube. Les cris des musiciens qui n'en peuvent plus de toute cette intensité sont cathartiques. Énergie dantesque, plaisir de recevoir. Avec une maîtrise et mise en place impeccable.
Et comme si le duo jugeait ne pas faire assez de boucan ainsi, il rajoute des couches accrues de synthés et d'effets électroniques pour remplir l'espace d'un drôle de karma. Quitte à en faire un morceau entier sur Panta Reich. Quand c'est pour introduire une compo (San Leather ou Phase Terminale), pourquoi pas, tout bol d'air est bon à prendre. Mais quand c'est pendant six minutes que Zeus vous tartine uniquement d'effets allant crescendo et qui se voudraient flippants, la tendance à zapper est forte. Cela ne serait casser la dynamique une nouvelle foudroyante de Zeus. La plupart du temps, les bidouilles electro sont au service des morceaux. Le mariage organique contre synthétique coulent des jours mouvementés mais heureux.
Motomonotono montre donc un duo en pleine santé. Pas de plus-value spéciale par rapport à leur savoir-faire habituel, pas de grosse surprise mais le bonheur de retrouver le duo toujours aussi féroce et intransigeant. Et des beaux vinyles bi-couleurs.

SKX (07/04/2016)