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Jubilé
…Et Tu M’Obéis – LP
Amor Komma/Assos’Y ‘Song/Bad Health records/Boom Boom Rikordz/Et Mon Cul C’est Du Tofu ?/Katatak/Maquillage & Crustacés/Rock’n’roll Masturbation/Day Off 2016

Quand on a rien à dire on ferme sa gueule, oui monsieur. Et puis c’est tout. Duo stéphanois officiant depuis une dizaine d’années maintenant, Jubilé ne l’ouvre certes pas très souvent mais quand le groupe décide de sortir de sa tanière ce n’est pas pour se faire reluire l’égo dans le sens du poil ni montrer ses talents de prestidigitateur en matière de violence inutile et stérile. Non. Je ne regrette même pas que Clément (guitare et chant) et Guillaume (batterie et chant également) soient aussi lents et, finalement, complètement décalés. Ils me semblent surtout totalement désintéressés. Parce que ce disque, leur troisième si j’ai bien compté, est de ceux qui possèdent l’économie modeste, immédiate, évidente et irréfutable des enregistrements dont on peut être sûr que l’on va les écouter un petit paquet de temps. J’emmerde profondément les black-métalleux scandinaves daubés au prog qui en d’autres temps auraient chié des kilomètres de musique pour babloches : Jubilé est un vrai groupe de noise rock, de rock tout simplement.

Du noise-rock, donc : cela fait longtemps que ce n’est plus la peine de traverser l’Atlantique nord pour dégotter un truc un tant soit peu excitant en la matière et Jubilé en est bien la preuve avec ce disque aux quelques relents skingraftiens parfaitement digérés. Pas d’escalade technologique, pas de décors en stuc, pas de faux-plafonds pour cacher la misère d’une inspiration en manque d’originalité, pas de déguisements de super-héros, pas de casquettes à l’envers et pas d’esbroufe. Même les boucles et rajouts de guitare suintent le bon sens et l’à-propos. Il y a peu d’idées dans chaque composition de …Et Tu M’Obéis – disons deux, voire trois – mais elles sont toutes bonnes. Rien à retrancher, rien à jeter. Rien qui ferait dire vivement le morceau d’après et inciterait à pousser le bras de la platine jusqu’à la piste suivante. Et lorsque Jubilé se paie le luxe de répéter le même riff pendant toute une chanson et ce jusqu’à son final un rien tortionnaire (March), on sent toute la transpiration que cette musique là est capable de générer en concert. Tout comme l’absence quasi systématique de couplet/refrain fait que l’on reste toujours dans l’attente, scotché par tant d’énergie bienfaisante (et punk). Cette attente n’est jamais déçue : ça braille comme il faut mais pas tout le temps (notons un sursaut qualitatif notoire du chant qui jusqu’ici était le point faible de Jubilé), ça tort des riffs à la meuleuse et à sec, ça rue dans les brancards et ça charbonne, le tout avec ce pouvoir incisif de la justesse du propos. Et puis placer un morceau intitulé Intro à la toute fin du disque est le genre de coquetterie qui me fera toujours rire, bande de chenapans.

Hazam (19/10/2016)