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Jubilé
Songs Of The Cold North - LP
Katatak/Assos'y'song/Boom Boom Rikordz/Et Mon Cul C'est du Tofu?/Rock'n'Roll
Masturbation 2012
Jubilé est toujours vert, ce qui est la moindre des choses quand
on vient de St Etienne, instinctif, fonce dans le tas sans se poser de
questions et revient en très belle forme après un split
avec les Marseillais de Ntwin en 2009.
Un punk-noise se déridant à deux, batterie et guitare plus
quelques subterfuges car on entend aussi parfois une basse en même
temps, ou du moins des cordes plus graves pendant que les autres attaques
les gencives dans un roulement de fraiseuse stressant. Et puis du chant.
Pas le point fort de Jubilé. Un manque de coffre évident,
plus criard que gueulard, tournant à l'embarras comme sur le début
de Slack. Sauf quand le batteur vient prêter voix forte (à
moins que ça soit encore une histoire de subterfuges) ou que ça
arrête de crier (This French guy is uncomfortable in his coffin).
Mais ce chant, c'est comme le reste, ça se prend nature et participe
à ce sentiment d'urgence et de ruralité punk. Surtout qu'en
trois ans, si le duo n'a pas pris de cours de chant, il a eu le temps
de peaufiner sa no-wave se fracassant dans un mur de déni et de
barbelés. Les structures anémiées ont toujours beau
tourner autour d'un riff et demi, elles ont pris de l'étoffe, passent
en mode tension larvée, prolongent la divine souffrance dans des
morceaux à deux vitesses. C'est sec et électrifié
jusqu'à la moelle, ça écorche les oreilles, ça
agace les dents, continue de jouer sur les répétitions et
les brusques éclats de verres mais ces compos tiennent plus que
jamais la route.
Le duo multiple les accroches à l'hameçon, le ponçage
du sol, les cordes qui ne pincent pas pour faire joli, les roulements
de batterie percutants qui vont bien avec, sans jamais jouer la carte
de la surenchère et de l'hystérie mal placée. C'est
au cordeau, minimalisme bruitiste se déclinant en dix zébrures
jubilatoires et pur jus.
Et comme Jubilé joue aussi à fond la carte de la transparence,
on peut se voir à travers le vinyle, la pochette et le calque servant
de support de texte. Ou plus exactement, la traduction de Stéphane
Rad Party d'un texte de l'Américain Aaron du zine Cometbus dans
lequel, si j'ai bien suivi, les majors, ce sont des oiseaux, les vendus,
des serpents et l'underground, le seul qui vaille d'être vécu,
des vers. Et ça tombe bien parce que qui c'est les plus forts,
évidemment c'est les verts.
C'est pas Jubilé qui me contredira.
SKX (18/12/2012)
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