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Bad
Breeding s/t LP Self-released 2016 Alors que
je pensais naïvement que Bad Breeding était parti sur les
chemins de la gloire et de la branchitude, la nouvelle coqueluche dont
tout le monde se gausse pendant trois jours et demi, les Anglais de Bad
Breeding reviennent avec un premier album de pitbull. Un disque totalement
auto-produit, gratuitement téléchargeable
sur leur site avec deux pamphlets politiques sobrement tapés à
la machine et signés par un certain Jake Farrell, la reproduction
de petites annonces de chiens écrasées et des photos ou
dessins qui n'ont rien de glamour. Commercialement invivable, potentiel
de coolitude proche du néant. Bad Breeding mord, ne lâche
pas sa proie (surtout si elle porte un costard-cravate) et bastonne méchamment
en seize titres pour une grosse demi-heure menée tambour battant.
On retrouve à peine cet allant séduisant sous le déluge
qui avait fait le bonheur de leurs deux premiers singles.
D'ailleurs, les deux meilleurs titres de l'album restent Burn This
Flag et Age Of Nothing, soit l'intégralité du
premier single. C'est embêtant me direz-vous mais en fait non. Bad
Breeding est parti tête baissée dans un hardcore-punk-noise
sans graisse, sous oxygène et plein de larsens, avec un enthousiasme
juvénile mais costaud qui fait plaisir à entendre, entraînant
sans difficulté dans sa joyeuse sarabande le jeune punk qui sommeille
au fond de chaque être normalement constitué, à savoir
celui qui n'a pas encore démissionné face à l'adversité
quotidienne. Quitte à se battre contre des moulins à vent.
Bad Breeding y croit lui dur comme fer et ces quatre anglais originaires
de Stevenage, ville grisâtre au nord de Londres, donnent une belle
leçon de rock primitif et brutal. Une bonne tripotée de
brûlots sales et mal élevés sur l'état de leur
pays, parce que bon, faut bien avouer, en dehors des deux titres du single,
d'autres morceaux sont aussi redoutables de férocité et
d'efficacité. Rien de mieux pour requinquer son bonhomme de la
part d'un groupe qui a finalement pris les cornes du taureau par le bon
bout. |