lasvegas
off
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LAS
vegas
Exit - CD
Off records 2015
Difficile
de ne pas parler de LAS vegas sans passer en revue le personnel. Trois
Belges et un Américain. Du plat pays qui n'est pas le mien, LAS
vegas sort de sa manche Kris Engelen (programmation, synthés) du
groupe Lost, projet electro-ambient (qui m'est totalement) inconnu, Raphaël
Rastelli (programmation) du groupe Von Stroheim et surtout Keiki, groupe
dont on avait déjà causé par ici
et qu'il partage avec Dominique Van Cappellen-Waldock, chanteuse et guitariste
aussi de LAS vegas et de Baby Fire, un autre duo dont il faudrait vous
causer si jamais les journées passent à vingt-six heures.
Et puis vous avez l'amerloque, un poil dru plus connu, Eugene S. Robinson,
voix, muscles et âme d'Oxbow. Mais ceci n'est pas une énième
participation de Robinson la tentacule à un groupe existant déjà
auparavant. LAS vegas, c'est un nouveau groupe, une entité à
part née de la rencontre de Robinson et des Belges lors d'un titre
de Keiki sur lequel Eugene poussait la chansonnette, tout comme il avait
prêté sa voix sur un morceau de Baby Fire.
Maintenant, tu peux prendre ta pelle et creuser. LAS vegas, ce n'est pas
paillettes et champagne, bien qu'un titre porte ce nom.
C'est comme regarder la mort en face et te dire que t'as bien fait de
faire toutes ces conneries avant, d'avoir profiter de la vie avant de
plonger dans un no man's land blafard. Exit, par ici la sortie,
maintenant, tu vas payer. Ils sont quatre là-dedans mais c'est
minimaliste comme pas deux. Une boite à rythme rachitique (quand
elle existe), une guitare comme la peau sur les os, déflagrations
à l'économie, rêches, mélodies sur un fil et
un habillage sonore électronique comme un lointain sonar en perdition,
l'écho d'une vie qui n'a jamais été à la dispense.
Alors pour la chaleur et un brin d'humanité, il faut s'en remettre
aux chants. Celui de Dominique et celui d'Eugene. Et les deux ensemble,
c'est le mariage parfait, le dédoublement de personnalité,
les lignes qui se répondent, la même phrase se chevauchant
dans un décalage subtil, le canon en fanfare sans la mort au bout,
comme quand Robinson le fait tout seul sur ses multiples collaborations
(par exemple la dernière en date 202
Morningside) et double sa propre voix. Sauf qu'entre la sonorité
du chant féminin proche d'une PJ Harvey et les complaintes de cordes
vocales masculines sur lesquelles pèsent tour à tour toutes
les souffrances et la colère du monde, le frisson est encore plus
grand.
Rouge flamboyant, Exit clignote des feux d'un amour contrarié,
d'une beauté poignante qui ne laisse que peu d'espoir mais vous
transi d'une passion violente, soudaine et incompréhensible. Une
procession envoûtante, neurasthénique comme un White
Snow White plus noire que noire, des résidus industriels
finissant de crépiter sous un soleil gris, des bouts d'harmonies
sur lesquelles s'abandonner et rebondissant sur la rugosité des
cordes de la guitare, un sens de l'accroche mélodique qui va droit
au but et vous remue de l'intérieur dans un mouvement primitif
et une instrumentation rudimentaire, un mur de lamentations derrière
lequel ça vibre intensément. On pourrait leur reprocher
une descente en abîme un peu trop profonde et trop continuelle.
Il faut attendre le dernier morceau (Black Lily) pour que la boite
accélère le rythme mais même là, ça
fait froid dans le dos. C'est à poil que LAS vegas se présente.
Et bordel, que c'est beau.
SKX (30/05/2015)
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