radiowave




Hercules II
Herculaneum LP
Radiowave 2015


Qu'arrive-t-il quand un groupe se présente avec cinq guitares, deux basses et deux batteurs ? La fuite des cafards, l'évasion des capitaux, le renforcement des contrôles aux frontières, un putain de gros bordel sans nom. Ce projet ne serait jamais arriver jusqu'à nos oreilles sans deux Headbutt officiant dans Hercules II. Keith Goldhanger et Ashley Davies dans le rôle des deux bassistes. Pour les guitaristes, il faut compter sur GG Alien et Rob Lewis (qui jouent également avec Ashley Davies dans London Dirthole Co.), Matt Black Time et Sebastain Büttrich (du groupe 18th Dye). Pour le matraquage des rythmes, Andy Bean et Roger Carne sont aux baguettes. Mais le véritable maître de cérémonie, celui qui décide avec qui il va jouer selon les enregistrements est un danois et se nomme C. Poulsen, guitariste également. Voilà pour les présentations. Maintenant, c'est chacun pour soi. Si cette joyeuse troupe s'appelle Hercules II, ce n'est pas par hasard, c'est du costaud, compact, avec de la densité au centimètre carré. Pour autant, ce n'est pas la chaos et la guerre à tous les étages. Hercules II fait bien sentir qu'il y a du poids derrière, que les rythmiques sont implacables, généralement pesantes et relativement lentes sans tomber dans le syndrome deux de tension mais sans non plus tomber dans la débauche de coups gratuits. Tout est calculé, à sa place, les deux batteurs jouent la même partition, tout comme les deux basses. Par contre, la force noire est avec eux. Les guitares peuvent alors grésiller autour, lézarder le mur de béton, tirer de longues notes criantes et saturées, tenter des amorces d'harmonies enveloppées dans une atmosphère générale allant vers la dramaturgie. Structures répétitives avançant irrémédiablement par strates pour faire monter la tension ou pour mieux hypnotiser avec plein de crépitements, de larsens et de saletés autour, morceaux tirant vers un psychédélisme noise enfumé (The Great Storm) pour attiser les flammes de l'enfer, les sept titres sans voix de Herculaneum ne choisissent pas le chemin de la facilité mais démontrent une réelle aptitude à emmener l'auditeur dans leur carcan punitif aliénant.

SKX (05/05/2015)