headbutt
radiowave






Headbutt
Raindrop Live in Rennes – CD
Radiowave Recordings Presents – The Shortwave Archives Vol. 1
Radiowave 2015


Non, ce n'est pas une énième reformation. C'est un live. Un concert tiré des entrailles du souvenir, le 22 mai 1997. Et pas n'importe quel concert. Un concert à la maison, à Rennes et organisé avec les potes de l'asso Kfuel qui devait encore s'appeler Kerosene à l'époque, un concert dont on était parti prenante et qui se retrouve gravé sur disque dix-huit ans plus tard. C'est une grosse et très belle surprise.
Les Anglais avaient débarqué à quatre, avaient demandé des Bloody Mary avant le concert, avaient mis à feu et à sang le mythique caf'conc' Les Tontons Flingueurs, en plus d'avoir rendu sourds les voisins et étaient repartis en laissant un souvenir impérissable. Parce qu'en plus d'être anglais, de gueuler comme des malades, de taper comme des brutes sur des bidons et de faire hurler leurs basses, ils étaient éminemment sympathiques. On les reverra avec plaisir quelques années plus tard avec leur projet Hideous Wheel Invention en première partie de Melt-Banana au Jardin Moderne.
Une tournée en formation réduite, loin du collectif londonien qui pouvait aligner six à sept membres sur scène, qui avait vu leur tournée débuter la veille à Lille en compagnie des Suisses de Mercury 4°F (et dont un split single garde une trace) avant de prendre le chemin du Pays basque et des studios d'Amanita pour enregistrer ce qui sera leur dernier album Solvent Bassed Product puis de repartir sur Lyon, Genève, etc pour une série de neuf concerts en tout. Mais si vous avez lu ces deux pages consacrées à Headbutt, leur histoire n'a plus de secret pour vous.

Sur Raindrop (qui n'est pas une allusion au temps breton, je me rappelle qu'il faisait super beau ce jour là), cinquante bonnes minutes de concerts vous attendent. Mis à part une légère baisse de volume au début du deuxième morceau (Mouse Patrol III), le son est nickel et ce concert sur disque est aussi bon que dans le souvenir lointain de ma mémoire pourrie. La voix de Keith Goldhanger est incroyable de puissance, tout ça sans forcer, naturelle mais venant des tréfonds du bide, une colère énorme et contrôlée. Il fallait bien ça pour surmonter le bruit des deux basses (la sienne et celle de Ashley Davies) et la force de frappe des deux percussionnistes debout, Kirsten Reynolds (cheveux rouges ou bleus) et Lewis Richardson (cheveux intégralement absents et qui si je me souviens bien était l'ancien batteur de Headcleaner). Une majorité des titres à l'époque étaient des inédits car destinés à Solvent Bassed Product qui donc n'existait pas encore mais que le groupe rodait sur scène. Ça n'avait empêché personne de se démonter les cervicales au doux bruit des sauvages Facial Towtruck (qui existait aussi dans une version single), du violemment tribal Ton Of Bricks, du monstrueux et jouissif Ankle Grinder, Drop Dead Gorgeous avec son attaque de basse légendaire et ses huit minutes infernales et le titre de clôture Oh Barcelona (No Way Back). Headbutt aura eu le temps également de placer des titres plus anciens et nous achever sur les bombes synonymes de tubes interplanétaires comme I Fix Shit et The Shooting Party et nous éclater définitivement la tronche sur les neuf minutes du déstructuré Editorial II (Headbutt aimait bien mettre des chiffres romains derrière ses titres car ils modifiaient souvent les versions selon les enregistrements). Headbutt pourrait débarquer à nouveau maintenant, leur noise-indus-punk ferait toujours autant de ravage. Le public d'alors l'avait bien compris. Pour preuve, Headbutt a laissé tourner les bandes et nous avons le plaisir d'entendre pendant deux bonnes minutes les cris de cerfs en rut du public pour rappeler les Anglais afin qu'ils continuent à nous foutre la branlée. Trois nouveaux titres suivront dont une nouvelle fois I Fix Shit IV.

En cadeau bonus, Headbutt a glissé trois titres en plus intitulé Punk Rock Hell 4 track demo datant du 22 février 1997, dont un Lucky 13 dont je ne trouve trace sur aucun disque du groupe (c'est toujours ça de pris, surtout qu'il est très plaisant), les deux autres étant des versions brutales et qui font peur la nuit de Ton Of Bricks et Ankle Grinder.

Ce digipack étant sous-titré The Shortwave Archives Vol. 1, on peut sans doute s'attendre à voir d'autres enregistrements d'Headbutt surgir du néant. Ça ne sera plus une surprise mais toujours un énorme plaisir. Qui sait, on pourrait même s'attendre à une reformation. Il paraît que c'est à la mode.

SKX (04/05/2015)