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Tone Priorities LP The Kora records 2012 Deux ans
de retard pour la chronique de Priorities - qui du coup porte mal
son nom - mais pas loin de 20 années d'obscurantisme pour Tone,
le groupe de Washington D.C. Un culte de la discrétion qui fait
que je découvre que maintenant leur sixième album réalisé
en 2012. C'est pourtant pas faute de les avoir suivi à la trace
depuis leurs débuts comme peut le témoigner la revue en
bonne et due forme de leur discographie.
Leur dernier album (Solidarity) sur Neurot records avait fait légèrement
frémir la bouilloire de la renommée pour mieux retomber
dans l'anonymat que six années de silence n'ont pas aidé.
Ça et le fait que Norm Veenstra et sa troupe ne sortent quasi jamais
de leur ville natale pour faire tourner leur symphonie à quatre
guitares, deux batteries et une basse. Le principe est immuable chez Tone.
Georgie Grindle (ex Teen Idles, ça nous rajeunit pas!) est parti,
ce qui fait un guitariste de moins, le bassiste a changé mais J.
Robbins est toujours derrière la console et la musique de Tone
continue de voguer à de belles hauteurs. Malgré le nombre
de guitares, Tone n'a jamais été et ne sera jamais une grosse
armada noise à te faire péter les plombages du fond. Le
tramage est fin, la dynamique est sur coussin d'air, les guitares fragiles
et aiguisées, les batteries tout en souplesse mais quand il faut
taper du poing sur la table, la rythmique et les riffs marquent le sol
de leurs empreintes comme sur la fin de Prototype ou les deux dernières
minutes d'un Crop Circles n'en finissant pas de faire monter en
tension les treize minutes qu'il affiche au compteur. Tone pourrait être
bâtardement classé dans la non moins bâtarde catégorie
post-rock. Sauf que Tone renvoie tous les Explosions In The Sky et compagnie
à leurs chères études grâce à des structures
bien plus intelligentes, des mélodies au-dessus de la moyenne,
une nervosité sous-jacente, des idées plein les cinq instrumentaux,
survolant aisément les clichés d'un genre qui a depuis longtemps
le don de m'endormir alors qu'avec Tone, la magie opère toujours.
S'ils avaient été moins discrets, on aurait même pu
les reconnaître comme grands précurseurs d'un style qu'ils
ont débuté en 1993 pour leur décerner une couronne
qu'ils méritent amplement et dont Priorities est une nouvelle
pierre brillante à leur palmarès de compositeurs hors-pair.
Et qu'on se le dise, Tone est toujours vivant. Un nouveau titre est en
écoute sur leur bandcamp
depuis janvier dernier et un nouvel album est en préparation. J'essaierais
de ne pas avoir deux ans de retard cette fois-ci. |