Quatrième album des nîmois de Shub, Spot The Difference a mis du temps à remonter à la surface de la considération. A l'image des trois personnages de la pochette signée MC1984, le trio Shub semblait évoluer en eaux profondes, peinant à se distinguer sous des méduses paralysantes et provoquer un tsunami noise-post-punk comme sur leurs albums précédents. La faute à un enregistrement (ou mastérisation pourtant signée par Carl Saff à Chicago ?) manquant singulièrement d'éclat. Pour en avoir le cœur net, j'ai remis pour l'occasion Fuck My luck sur la platine. Effectivement, ça pétaradait autrement mieux alors que là, le son est terne et la section rythmique n'explose pas. J'ai jamais été adepte des grosses productions, le son crade et brutal me parle mais là, ça n'aide pas les compositions à trouver leur envol. Je conseillerais même pour une fois d'écouter le CD inséré dans la pochette plutôt que le vinyle. Un comble.
Et puis les compos – qui restent le nerf de la guerre, quelque soit l'enveloppe, on est d'accord – avaient comme un arrière-goût de routine. Plus d'effet de surprise. Shub fait du Shub en pilote automatique. Ni moins bien, ni mieux mais comme un sentiment de lassitude.
Mais Shub, c'est plus fort que toi, c'est pernicieux, ça s'infiltre en toi comme un poulpe suceur de cervelle et force est de reconnaître que le sens du song-writing enlevé, du riff qui fait mouche, de la mélodie qui t’entraîne au-dessus de la ligne de flottaison, Shub ne l'a pas laissé dans la vase.
La remontée vers la lumière a commencé par la face B, notamment le dernier titre, l'excellent My War is Over avec son chant poignant sous la lune à hurler que la guerre est finie et la coloration générale d'un titre puissamment mélancolique. Quelque chose de différent dans leur façon de faire rejoint par Pirate Song et son esthétique dub-isante en plein milieu. Autant de détails qui faisaient tendre le tympan plus précisément. Et là, on se prend le riff jubilatoire et la cowbell de Afternoon (Chapter One) dans la tronche, tout sourire. Been You fait preuve d'ambition dans la construction mais glisse également tout seul avec son chant nasillard – ça ne m'avait pas frappé jusque là – évoquant Jello Biafra/Dead Kennedys, avec toujours à la clef le fameux fake US accent d'un guitariste/chanteur décomplexé. Wasteman met également du temps à éclore mais à l'image de tout l'album, se révèle sur la longueur, entre fausse nonchalance, nervosité, angularité et dissonance post-punk en mode décontracté avec juste ce qu'il faut de rage pour mettre une pression continue.
Malgré les bémols émis plus haut et des compos qui sentaient la marée basse, Spot The Difference finit par trouver un second souffle et s'imposer comme un bon album de Shub à défaut d'apporter de l'eau nouvelle à leur moulin.

SKX (20/01/2014)

Pour pleinement profiter de ces nouvelles compositions et des anciennes, Shub sera en tournée française avec les incommensurables The Stnnng en février prochain, dont le lundi 24 février à Rennes, au Mondo Bizarro, avec le retour sur scène après des années d'inactivité de Ruby Red Gun, duo mystérieux avec du Trunks dedans !

22 février – Paris
23 février – Bruxelles
24 février – Rennes
25 février – Angoulême
26 février – Poitiers
27 février – Clermont-Ferrand
28 février – Nîmes
1er mars - Marseille