kataplismik
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[Kataplismik]
Apparence - CD
Fingerprint 2013

Ça fait un moment qu'il traîne dans la pile ce digipack de [Kataplismik]. Depuis le 5 octobre 2013 exactement et la fin d'un concert en compagnie de Sons of Frida, quand un des membres du groupe me l'a généreusement filé entre les pattes. Un vrai cadeau empoisonné. Parce que quand ça saigne, ça hurle, ça sature, les services Égorgements & Dépeçage de Perte & Fracas sont en terrain connu. Mais quand deux guitares acoustiques se battent en duel avec une flûte traversière en arbitre, on fait comment ? C'est ça la vraie vie ? Mais voilà, pour des raisons inexpliquées, à part que je vieillisse inexorablement, cette musique me plaît. Enfin si, je crois savoir pourquoi. Le duo rennais, qui par le passé à utiliser de l'électricité et une batterie, n'a pas oublié dans cette nouvelle version, de continuer à mettre de l'intensité, du nerf comme quand ils faisaient du rock (même avec post devant), à tricoter des arpèges sans minauderie et sophistication superfétatoire, bricoler des mécaniques comprenant leur lot d'angles et de brisures, insuffler quelques espagnolades à la Broken Man de Matt Elliot, autre disque dont je me sens incapable de causer et que j'écoute pourtant souvent. Des passages calmes, de la douceur, de la fragilité, ce n'est pas ce qui manque non plus mais toujours drapés dans une mélancolie, une touche de sombre qui donne de l'épaisseur. Le trompette et le bungle sur trois titres donnent de l'amplitude et de la beauté au mouvement. L'accordéon à la fin de Spam me fait immanquablement penser à Radikal Satan alors que des influences toutes autres dont je n'ai même pas idée de l'existence doivent intervenir dans leur processus créatif. Les arrangements avec le piano ou le glockenspiel sont discrets et apportent du brillant à des compos parfois arides dans leur acoustique. Et la flûte traversière ne fait même pas peur. Une musique surannée, sans artifice dont les mélodies finissent par vous porter vers un imaginaire jauni, à l'image de ces vieilles photos ornant la pochette mais sans jamais le sale coup de la nostalgie qui va avec, juste se laisser bercer par neuf morceaux enlevés, solides derrière leur esthétique délicate et hors des courants. Et celui de Apparence peut vous amener loin.

SKX (28/01/2014)