Les éloges étaient tombées dru sur Transmissionary, le premier album de Disasteratti. L'attente était donc grande pour cette deuxième sortie. Et les craintes aussi forcément. Et j'avoue que ces dernières ont pris le dessus. Au début. Parce que le trio de Minneapolis a évolué dans son approche du noise-rock. Plus direct, plus mélodique. Le chemin entre deux points a été simplifié et mon esprit torturé met toujours un peu de temps avant de connecter les bons fils, ceux qui vous font voir la lumière à travers un gros brouillard de merde quotidienne. Ce n'est pas la faute en tout cas aux premiers titres, notamment à l'énorme Rolling Blackouts, titre d'ouverture en mode The Stnnng, roulant son vice rock'n'roll dans une marée noise abrasive et lubrique. Chant légèrement saturé, riffs ébouriffants, rythmique tapis rouge avec un putain de bon son de basse tenant de charpente tout au long de l'album. Disasteratti va droit au but et tout le monde gagne à la fin. Syndrome identique avec Convict alors que White Trash se la joue blues-noise transgénique exporté à New-York chez les potes de Unsane et Chrome Cranks. On a connu pire comme voisinage. Et au quatrième titre, We Should Do This Again, on ne peut que être d'accord avec le titre, continuez les gars, c'est parti pour être le panard intégral. Alors c'était quoi le putain de problème ? Hé bien, la faute au titre suivant, Interlock, et aux deux qui finissent l'album par exemple. Des morceaux sur lesquels Disasteratti se la joue ballade virile et passionnée, sans oublier le point culminant, les six minutes de Forced Exposure. Un trop plein d'émotions, de mid-tempo appuyés, d'un mode Stnnng se transformant en syndrome Nirvana, de quelques lourdeurs et maladresses pourrissant le climat. Mais ces compos ont fini par me parler, par faire vibrer mon petit cœur tout flétri, raviver quelques vieilles flammèches d'un noise-rock qui sait murmurer plus que hurler à la nuit noire, extirper de ton moi intérieur le grand cœur pignant qui sommeille. Reprenons l'exemple de Forced Exposure, source de toutes mes constipations nocturnes. J'en voulais pas, j'en voulais pas. Et en fait, j'en veux toujours pas (sauf la fin quand ça s'énerve). Bon, un autre exemple alors. Le dernier, Stations. Parti pour faire allumer les briquets mais que les parties de guitares fines finissent par tout chambouler. Idem pour Interlock ou Hollow naviguant en eaux troubles, aux ficelles un poil trop grossières mais aux pattes velues pas si désagréables et réchauffant votre couenne. Ne soyez pas timides. Au final, l'album est quand même à deux vitesses. Mais celle que l'on croyait handicapante et ralentissant l'allure générale se révèle humaine et attachante, faisant découvrir une autre facette de Disasteratti, ce groupe noise-rock qui n'est pas que cruauté et violence. Après, si vous préférez Transmissionary, je ne vous en voudrais pas non plus.

SKX (28/03/2014)