disasteratti
learningcurve




Disasteratti
Transmissionary - LP
Learning Curve 2011

Minneapolis. Dernièrement, Buildings nous avait mis sa raclée. Il va falloir compter sur une nouvelle pousse de cette ville toujours verte. Disasteratti, ça sonne comme désastre mais de ce genre là, j'en veux tous les jours. Un trio au noise-rock généreux, véhément, à l'allure complexe, percutant avant tout, ne se contentant pas d'une seule formule pour nous aligner au mur des lamentations sur lequel le nom des anciens n'a que peu d'emprise.
Le début commence pourtant un chouilla classique avec The Veteran qui en a vu d'autres en matière de noise-rock électrisant et sa rythmique passe-partout. Mais dès le deuxième morceau et son titre en français, L'Enfant étrange, Disasteratti développe six minutes d'une noise qui se tend, sous contrôle mais qu'un rien n'enflamme, d'une rythmique implacable et une guitare tout en lame de poignard. Le feu est mis et la brochette des quatre titres suivants va complètement retourner les sens, faire péter le compteur de l'euphorie. Disasteratti passe la surmultiplié. Les relents de Amphetamine Reptile et son Hammerhead cogne derrière la nuque, la voix sans cesse trafiquée/saturée de Dari Kaveh crache son venin, le magnifique Lite Brite rappelle le Guapo de Towers Open Fire alors que Stress Test est un défouloir énorme, montrant que le trio a plus d'une corde à son arc noise-rock. Il faut attendre Dubai pour reprendre un poil ces esprits de la part d'un groupe qui aime également naviguer dans les eaux troubles d'une noise-rock introspectif, sur la retenue, plus rock'n'roll aussi car ce n'est pas avec Dubai que la chaleur va diminuer. Juste un bol d'air pendant lequel Antoine Martinneau est convoqué au tableau des bassistes sachant jouer avec plus d'un doigt. Serait-ce à ce bassiste black au nom bien de chez nous que l'on doit cette touche française dans les titres ?
Avec le titre suivant, The Salesman, Guapo se réinvite au banquet, l'urgence au cul, une technique et un savoir-faire pour composer des morceaux accrocheurs largement au-dessus de la moyenne, ce que vient confirmer la rythmique tout en souplesse et ce damné bassiste sur Narc (bien que le groupe se perde un peu au milieu du morceau) pendant que la Betty placé en fin d'album tentera de panser nos plaies lors d'une complainte virile. Transmissionary, sorti depuis un an, est bizarrement passé complètement inaperçu. Alors que Learning Curve est en cours de faire chauffer le nouveau Hawks, il serait très recommandé de passer à la caisse pour ce fantastique premier album de Disasteratti.

SKX (25/06/2012)