thepurkinjeshift



The Purkinje Shift
Executive Contours - CD
Samizdat 2012

Dix années de silence après trois années durant lesquelles ils n'avaient déjà pas fait beaucoup parlé d'eux. Et en 2009, suite à un concert de reformation en hommage à un ami décédé, The Purkinje Shift, qui aurait dû aussitôt remiser ses instruments au fond du garage, reprend finalement du service. Comme tant d'autres. Le bonheur de se retrouver ensemble, sortir de la retraite, faire craquer les jointures, se rappeler le bon vieux temps et se faire des tonnes d'argent. Car une reformation de The Purkinje Shift, c'est limousine et foule en délire, l'évènement que personne n'attendait. Mais alors vraiment personne… (A vrai dire, Benjamin Davis et Gary T. Flom n'ont jamais rangé leurs guitares et ont joué dans les années 2000 dans Moreland Audio puis Home of the Wildcats).
Le batteur Scott H. Robbins, vivant à Seattle alors que les deux autres sont à Atlanta, ne sera pas de la fête. Il est remplacé par Lee " Cricket " Corum (qui jouait déjà avec eux dans Home of the Wildcats) et plutôt que jouer des vieux morceaux qu'ils ont oubliés, les deux guitaristes avec le batteur Cricket décident de composer des nouveaux morceaux. Executive Contours est le fruit de ce labeur. Et c'est du très bel ouvrage.
The Purkinje Shift a gardé la main verte. On serait presque tenté de dire qu'elle n'a jamais été aussi verte et gaillarde. The Purkinje Shift, c'est le math-rock instrumental dans toute sa splendeur. En un single en 1997 (Nine Twelve Seven) et deux albums, Nickel Waves and Carbon Stars en 98 et Five For the Road and One for the Ditch en 99, mon tout sur leur label Samizdat, le trio brillait, sans rien inventer mais avec une classe indéniable, et traçait sa voie sur les crêtes de Don Caballero, A Minor Forest, Rodan et que Rockets Red Glare chevauchera également plus tard. Executive Contours ne déroge pas à la règle et comporte six morceaux comme les deux précédents albums. Des titres longs (mais pas autant qu'avant quand même) et rutilants pour un math-rock historique retrouvant une seconde jeunesse. L'album que Don Caballero ne sortira plus jamais. La batterie gagne en souplesse, plus de groove et de rock, les deux guitares sont nerveuses, déchaînées et hautement inspirées comme si elles étaient restées dans leurs étuis depuis trop longtemps et que la lumière du jour les avait illuminées. Alors que fin 90, les structures jouaient plus volontiers sur les contrastes et des architectures osées, quinze ans plus tard, ça file plus droit, sans se départir d'une certaine complexité certes mais avec force, vélocité, bonne humeur et de multiples étoiles filantes explosant dans le ciel.
Les six titres sont parfaits, The Purkinje Shift n'a pas pris une ride, n'a même jamais été aussi bon et le math-rock instrumental ne s'est jamais aussi bien comporté que exécuter par des vieux sur le retour. Du grand art.

SKX (20/09/2013)