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Pylone
Things That Are Better Left Unspoken - LP+CD
Katatak, Gabu, Bruisson, Nothing To The Table 2013
Pylone a
surgi de terre à Toulouse. Des anciens membres de Headwax,
Xnoybis,
Messieurs de Fursac et, beaucoup plus pointu sauf si tu fréquentais
Rennes au début du siècle, un ex-Kronk
qui n'en à rien
à branler. Sans doute pour cette raison que Pylone a grandi
si vite, émet de l'électricité un peu plus d'un an
après sa naissance et apparaît déjà si étonnement
en place. L'expérience et un groupe qui sait ce qu'il veut. Et
d'où il vient. Le noise-rock américain, Chicago, Jesus Lizard,
Shellac et toute la nébuleuse internationale tournant autour de
ces dogmes. Pylone connaît et balise le terrain. Mais c'est le pylône
qui cache la forêt. Car s'arrêter à ces comparaisons
serait extrêmement réducteur. Pylone étend la vue.
Il est bizarre en fait ce noise-rock. Pas franchement académique.
Il faut du temps avant de le sentir. Un noise-rock cérébral,
froid, mélancolique. Des rythmes mid-tempo, voir lents. De beaux
échanges guitare-basse, de l'arpège qui plombe l'atmosphère,
que du son claire, des compositions tour à tour traînantes,
répétitives, tendues et sans jamais réelles explosions.
Pas du noise-rock de gros bras avec des torgnoles dans la tronche toutes
les deux secondes, de la bastonnade à tous les étages. Non,
du noise-rock à émotion, tendance Headwax, projet du passé
dont Pylone est le plus proche tout en poussant le bouchon encore plus
loin. Des compositions capables de s'étirer longuement, jouant
sur les ambiances qui ne disent pas tout. Unspoken. Tout est dans
le titre de l'album. Le non-dit, la suggestion plutôt que la confrontation
directe. Et ce noise-rock là, on ne le rencontre pas tous les jours.
Et puis le chant. Cette voix masculine ostentatoire, audible, capable
d'être mélodique, se plaçant étrangement, différenciant
Pylone de bien des groupes de la routine noise et qui en chiffonnera plus
d'un. Qui ose en plus chanter en français sur deux morceaux, dont
Le Combattant d'après un texte de Henri Chinaski, c'est-à-dire
Bukowski himself quand il se mettait en scène dans ses romans (l'album
compte deux autres chansons avec des paroles de Bukowski, It's funny
(isn't it ?) et Alone With Everybody). Merde, de la noise-arty
en plus ! J'en veux surtout une preuve supplémentaire comme quoi
Pylone, une fois compris qu'il ne fera pas mieux que ses idoles, essaye
autre chose, prend des risques et creuse son sillon. Quitte à parfois
se casser (légèrement) la gueule, à ne pas être
parfait tout du long mais ce premier album interpelle. On aimerait qu'ils
se lâchent, qu'ils soient plus véhéments de temps
en temps mais sur la longueur, ce disque est totalement cohérent,
se prend comme un tout, délivre de magnifiques morceaux, se dévoile
peu à peu et est fait pour durer. En plus, il est sobrement et
superbement mis en dessin par Eric
Mahé. Tout ce qu'il faut pour que Things That Are Better
Left Unspoken soit crié sur tout les toits comme un album à
écouter absolument.
SKX (14/06/2013)
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