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Overdose fluorescente, plénitude des formes, pizza du lendemain et glorieuse incertitude du sport, Gumbo marque des points sur l'échelle de la vérité et du grand ordonnateur de la convenance. Après avoir fait jaillir le Pétrole, Mr Protector continue de creuser et s'attaque au coeur de la matière.
Le trio de Jarnac éclate les couleurs et gonfle le coffre. Résultat d'un passage au Black Box Studios avec Peter Deimel. Les deux guitares ont pris du grain et de l'épaisseur qui font toute la différence après un premier album un peu maigre en gueule. Furieuse envie d'en découdre et de jouir sans entrave, le noise-rock du trio de Jarnac explore toutes les combinaisons possibles avec deux guitares, une batterie et de multiples chants. Prend à la gorge d'entrée de jeu par It's All About a Rise to Pleasure et Zeit und Raum annonçant une pétarade truculente, des explosions aux quatre coins du cerveau, un esprit très joueur balançant des salves retorses. Le troisième titre Mirror calme un brin les ardeurs. Le noise-rock de Mr Protector se fait plus heureux, sautillant et chantant avec l'invité Pierre-Louis François, ex-Headcases, pour la voix qu'il a plus lisible et des vocalises derrière qui ne sont pas de meilleur goût.
La vraie force de Mr Protector, ce sont les titres déliés, cherchant dans la longueur à brouiller les pistes et montrant toute l'étendue de la palette de jeu du trio. Das Felsen von Carlong clôturant la face A est un très bel exemple. Les cristallins arpèges se font cisailler par de gros riffs luisants. Les transitions sont abruptes, les silences courts mais signifiants, le chant en allemand, marque de fabrique du groupe, rend cette compo encore plus implacable, l'adrénaline monte par palier, une des deux guitares sort une courte ligne mélodique se distinguant du lot et le bonheur n'est pas loin. Idem avec le fiévreux Don Benito, l'autre long morceau clôturant la face B de ce vinyl vert. En plus, du beau monde y prend part avec Tom Bodlin, son chant qui ne fait pas semblant, s'intégrant parfaitement à la musique de Mr Protector, tout comme l'intervention de son rutilant saxophone.
Sur les trois titres restants, Mr Protector continue de faire chauffer et tournoyer dans le ciel rougeoyant son rock virulent, montrant un plaisir évident à (s')envoyer en l'air sur de passionnants mouvements de bassins et de tumultueux regards échangés, signe d'une belle complicité. Quitte à en faire parfois trop. Le solo de guitare limite sur Grastein ou les chœurs lourdingues sur le refrain de Skinny in the Universe (avec Laurent Paradot, ex-Headcases également et encore Tom Bodlin). Comme sur le premier album, tout n'est pas parfait sur Gumbo. Mais Mr Protector a durci le ton, lâché les chevaux, augmenté d'un sérieux degré la chaleur de son noise-rock et offre une belle tranche de vie.
Bref, vous n'avez pas fini d'entendre parler de la Charente et de Jarnac, sa ville de noise-rockers pas présidentiables. On avait réussi à se débarrasser de Café Flesh. Il va falloir désormais supporter Mr Protector.

SKX (17/03/2013)