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Great Falls
Accidents Grotesque - LP
Hell Comes Home 2013

Le nouveau Great Falls est tout chaud. Tellement chaud qu'il faudra attendre le 30 septembre prochain pour le démouler officiellement, puis manipuler entre nos petites mains avides la pochette gatefold, oeuvre de Demian Johnston, et passer en boucle un vinyle dont on ne pouvait décemment pas attendre plus pour en parler.
Un Great Falls, c'est toujours l'assurance d'être scotché au mur, torturé à petit feu, rincé comme une serpillière. Avec Accidents Grotesque, il dépasse toutes nos espérances. Le trio n'a pourtant pas changé de style. Noise-metal-hardcore suintant d'intensité par tous les pores. Mais c'est encore plus violent, malsain, percutant. Riffs laser, tornades de rythmes affolants, cassures monstrueuses, poutre métallique faisant office de basse et le chant - si vous me permettez d'appeler ça un chant - du guitariste Demian Johnston qui n'a jamais fait dans la dentelle mais franchit un nouveau palier dans la douleur, cherchant encore au plus profond de ses entrailles la frustration et la rage pour vous la recracher à la gueule en la multipliant par mille.
Les quatre premiers titres sont ainsi un condensé de fureur, expulsés en à peine trois minutes de moyenne, saccadés, haletants, réunissant le plus dingue de Converge, le plus haineux de Today is the Day et la pression graduelle et constante d'un Dazzling Killmen. Bienvenue dans la touche Great Falls. A cette série, vous pouvez rajouter le sixième morceau, Bruxism qui commence par la même syllabe que brutalité, soit une minute trente d'un engin atomique incontrôlable. Parmi ces titres figurent deux compos qui ont un goût de connu mais dans des formats tellement bâtards (mp3 et cassette) qu'on ne leur en veut absolument pas. Stinger était présent sur le single virtuel de Coextinction records qui vit ici une version légèrement différente avec une chute final dans un épais brouillard bruitiste. Quant à Wound Instructions, il était couplé avec The Head Opens Its Red Mouth sur une split cassette avec Pink City, soit un quart d'heure ramené à deux minutes. Accidents Grotesque va à l'essentiel. Ce qui n'empêche pas Great Falls d'accoucher de deux longs titres. Les neuf minutes de Replace Me with Fire (présent aussi sur le single virtuel de Coextinction) et The Forgiveness Machine. Replace Me with Fire dont le début lent et lourd sonne toujours Neurosis, avec un son de grosse caisse mat qui interpelle dans le bon sens, gagnant une trentaine de secondes et se termine par une guitare fonçant dans le décor et les cordes vocales arrachées. Quant aux quasi onze minutes de The Forgiveness Machine, si ça peut faire peur rien qu'à l'énoncée, elles ne sont pas un cauchemar sans nom, une descente en enfer dans laquelle Great Falls jetterait ses dernières forces mais une brillante et mesurée décompression, presque mélancolique, à l'accent encore Neurosien, de quoi se remettre par palier de la déflagration des sept titres précédents. Great Falls reste les gardiens du temple et signe un nouvel album indispensable.

SKX (18/09/2013)