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Dial Western Front - CD Ektro 2012 Dial compose un quatrième numéro, après cinq ans de silence d'une aventure débutée en 1997. Dial, un groupe souvent aux abonnés absents, sortant de sa tanière avec parcimonie. Jacqui Ham, ex-Ut, cellule réactivée depuis peu pour une poignée de concerts dont je reste sans écho, en duo avec Rob Smith, anglais installé en France et un troisième larron, Dominic Weeks (Furious Pig, Het) intervenant sur quatre des dix titres. En 2007, il avait été question également d'une tournée de Dial en France mais ce secret bien gardé est resté bien gardé. Dial ressurgit donc des ténèbres, drapé d'une esthétique similaire, tout en bonifiant les acquis. Ce goût de ferraille et d'enchevêtrement parfaitement illustré par l'insert du livret. Image de barres de fer, de tôles, d'amas et de ruine industrielle et d'un graphisme d'angles brisés et de traits s'entrecroisant, grouillant à perte, sans jamais laisser deviner sa destination finale, ne révélant rien sinon une illusion de fin du monde. La drum machine croise le fer avec les guitares ferrailleuses. Les rythmes aux trajectoires étranges battent le pouls de la voix possédée ou fantomatique de Jacqui Ham. Western Front alterne entre le mordant de riffs cycliques, morceaux hypnotiques et compositions décharnées qui font froid dans le dos comme l'aliénant Oui Window ou les sept minutes du très beau et prenant Silent Way aux touches de piano sobrement lumineuses. Avec toujours cette constante, encore plus sublimée et condensée sur Western Front, de fourmillements, de crépitements, de minimalisme touffu, d'approche brutale dans le son mais également très recherchée, donnant l'impression d'improvisations sauvages tout en étant construit au millimètre près. Album aride et parsemé de dissonances et de larsens, anti-mélodique et pourtant incandescent, fracturé et méditatif. Trash, sale et si percutant. Une messe païenne qui me renvoie inlassablement au Animal Tongue de Evangelista, disque de souffrance et magnétique dans sa version électrique et no wave pouvant aller jusqu'à un hip-hop/electro abstrait et noirâtre sur Hoat et Let's Forget avec ses deux guitares aigrelettes et inventives s'imbriquant entre elles et avec la boite à rythmes aléatoire d'une manière dont on se demande encore comment c'est possible que tout ça tienne debout. Mais ça tient et c'est magnifique. Il serait grand temps de s'apercevoir de tout le talent et de la force créatrice de Dial et de se coller Western Front (et les trois albums précédents tant que vous y êtes) en tant qu'expérience unique et nouvelle. SKX (12/01/2013) |