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Cortez
Phoebus - 2xLPs
Basement Apes Industries, Get A Life, Throatruiner 2013
Ce tas de bois mort au milieu de cette pochette post-apocalypse, c'est
un peu notre pauvre petit coeur et tout ce qui réside autour à
la fin de l'écoute du double-album de Cortez. Rincé, vidé,
piétiné, tétanisé et consumé jusqu'à
la moelle.
Le trio Suisse avait signé un retour fracassant avec un split
10''. Il fallait s'attendre au pire. Et on l'a eu. Le pire dans le meilleur.
Cinquante minutes aussi noires que ce superbe artwork. Et un brin de lumière
au milieu, tout espoir n'est pas perdu. Rouleau-compresseur à metal
incandescent, broyeur de hardcore torturé laissant filtré
les émotions, répandeur de noise dans toutes les fissures
laissées libres et lance-flamme rock pour faire trépigner
les foules et se cogner la tête contre les genoux. Difficile de
croire qu'une seule guitare, une seule batterie et un seul chant sont
à la base de cette musique imposante. Et on a raison car il y a
du boulot dans les studios. Serge Morattel pour la batterie et le groupe
lui-même dans son local avec l'ancien guitariste Samuel Vaney ne
s'occupant plus que de la composition (avec le batteur) et du mixage,
Cortez enregistrant l'arrivée d'un nouveau guitariste, Antoine
Tinguely (ex-Berserk
For Tea Time). Des couches et des surcouches de guitares (comme sur
le dernier Ventura, dans
un autre style), une multitude de sonorités en sous couches, entre,
sur les dehors et à l'intérieur pour une densité
au centimètre carré encore plus écrasante, un son
démultiplié, l'impression d'un troupeau dévalant
une vallée de désolation et, oh ! miracle, derrière
toute cette débauche, un groupe qui a su surpasser les données
techniques pour mettre les tripes sur la table et donner tout ce qu'il
avait.
Des riffs de feu, de la complexité retombant toujours sur ses pattes,
un batteur qui n'en fait jamais trop, un chant crachant ses poumons et
sa frustration de façon trop linéaire (mais c'est le genre
qui veut ça), de la folie dans laquelle il est ardue de s'en extirper,
très peu de répit, du poignant et du sauvage à dose
égale, une merde noire et suffisamment de crasse pour faire passer
le goût d'un trop plein de démonstration de force. Ce sont
Botch, Converge, Today is the Day et Neurosis réunis dans une même
pièce fermée à clef. Que du lourd me direz-vous mais
Cortez fait également son poids.
Phoebus termine de vous achever par Borrelia. Une descente
en enfer. Crépitements intenses, adrénaline quasi mystique,
répétitions malsaines faisant croire qu'un locked groove
vous empêche de sortir de ce disque alors que le crépitement
ne fait que s'épaissir, le rythme s'accélère, la
tension et les répétitions deviennent insupportable, il
n'y a plus rien à brûler, la boucle est bouclée, retour
au tas de bois mort. Magistral.
SKX (25/03/2013)
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