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Witch
Hats
Pleasure Syndrome - LP
Longtime Listener 2011
Le 10'' Solarium
Down The Causeway aurait dû éveiller les soupçons.
A l'écoute de ce deuxième album, Pleasure Syndrome,
il est clair que Solarium
était un disque de transition entre l'ancien et le nouveau Witch
Hats. Les Australiens quittent leurs habits, taille Birthday Party, font
leur mue et s'en vont, s'égarent dans des contrées où
le classicisme et le bon goût le disputent à l'ennui et l'insignifiant.
Certains vont vous parler d'album de la maturité, de classic rock
et autres gros mots pour mieux masquer le fait que Pleasure Syndrome
est avant tout un disque de vieux.
Si on ne peut leur reprocher de s'affranchir d'influences de jeunesse,
qu'ils aient décidé de grandir, ce n'était pas une
raison pour se fourvoyer dans un songwriting mou du genou. Le pire, c'est
que cet album n'a pas été déplaisant au début.
The Bounty, le titre d'ouverture est même une agréable
pop song venimeuse. Après, ça s'est rapidement transformé
en indifférence avant que les nombreuses écoutes ne jouent
clairement pas en faveur d'un album qui, dans ses pires moments, serait
tout juste bon pour les fans de Chris Isaak désireux de s'encanailler.
Witch Hats a laissé tomber l'agressivité et l'incandescence
pour la retenue, des cordes acoustiques, des mélodies moribondes,
des accords désuets, un Kris Buscombe, voix en avant, paroles intelligibles,
des ballades mid-tempo entre Crowded House, les Beatles et les Clash sur
le morceau Hear Martin, autre morceau non négligeable de
cet album. C'est bien trop peu pour vous tirer de la torpeur. Retournement
de situation pour un disque sonnant le glas de Witch Hats et clôt
le chapitre d'un groupe dont on se souviendra que leurs premiers enregistrement
nous avaient bien secoués.
Voilà, ça c'était la version officielle. Parce qu'en
vrai, je suis un grand fan de Chris Isaak. Et malgré toute la mauvaise
foi qui caractérise ce site, je suis incapable de détester
cet album. Je crois même que plus je l'écoute et plus je
l'aime ce disque.
Les mélodies réveillent mon moi profond qui n'a pas oublié
son amour de jeunesse pour la pop néo-zélandaise. Le chant
de Buscombe, que j'ai d'abord pris pour une imitation de l'imitation d'un
crooner n'a finalement pas tout perdu de son intensité et les compos
moribondes révèlent plus d'acidité qu'elles ne laissaient
paraître, une fausse indolence finissant par toucher la corde sensible,
jamais loin de la corde cruelle. Des morceaux comme In The Mortuary
ou Ashley sont typiques de ce revirement. Ballades pop-rock fadasses
dévoilant une sous-couche de croustillant, de piquant et d'une
noirceur se répandant comme une mauvaise blague. Au point de faire
de Ashley un moment privilégié de Pleasure Syndrome
avec un Buscombe postillonnant dans tous les coins.
La filiation a de beaux restes. On citait Birthday Party, on se retrouve
avec Nick Cave, quand ce dernier pique du nez dans le confort. Sauf que
Witch Hats arrive à se maintenir au-dessus de la ligne de flottaison,
un gros sursaut de classe toujours présent, tout en suivant une
trajectoire identique, loin de toute idée de chaos et d'autodestruction
qui ont marqué leurs débuts. Mais on sent bien que ça
les gratte, là, toujours dans le fond du bide. Il y a même
une poignée de titres sur Pleasure Syndrome sur lesquels
le Cave ne cracherait pas.
Alors vous en faites ce que vous voulez de ce drôle d'album mais
Pleasure Syndrome est par excellence le disque que j'aime écouter
en cachette. Le syndrome du plaisir (en solitaire) et tout son paradoxe.
SKX (09/02/2012)
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