putiferio
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Putiferio
Lov Lov Lov - CD
Macina Dischi/Robotradio 2012
Poussé
par la curiosité, j'ai ouvert mon plus beau dico d'italien. A la
lettre P, j'ai cherché la signification de Putiferio. La réponse
était pagaille, vacarme, chaos. A part le fait que le nom du groupe
sonne finalement beaucoup mieux en langue originale, il traduit parfaitement
l'impression fournie par la musique du quatuor de Padoue. Pas dans le
sens anarchique et d'un grand n'importe quoi, d'une logorrhée sonore
qui fait mal aux tympans mais dans son aptitude à briser les carcans
musicaux, piocher dans différents styles, saccager les structures,
ne rien respecter et fondre mon tout avec virulence dans le moule Putiferio.
Lov Lov Lov s'inscrit donc incontestablement dans la continuité
de Ate Ate
Ate.
Outre la similitude des titres en trois lettres qui comptent triple, le
deuxième album de Putiferio explose (dans tous) les sens. Malgré
le changement de batteur et d'un des deux guitaristes (bien que ceux-ci
restent dans le giron du groupe et ont participé à l'élaboration
de certains morceaux), Putiferio maintient le cap d'une musique généreuse.
Le fond de commerce a beau être noise et rock, Putiferio s'amuse
à le rendre mélodique, psychotique, le perturbe par des
éléments electro bien plus présents que sur l'album
précédent, vole dans les plumes de morceaux percutants et
grésillants ou les étire dangereusement au delà de
sept, huit minutes, sort le violon crissant et la panoplie du parfait
bruitiste, retombe sur une partie planante lors d'un Hopileptic!
résumant assez bien toute la philosophie de Putiferio. Sur Can't
Stop The Dance, You Chicken!, la batterie prend le goût d'une
boite à rythme pour mieux te faire danser, poulette, avant de se
faire remonter les bretelles par deux guitares renardant dans les parages
et soutenues par un synthé laissant peu de place aux sorties de
secours. Changements fréquents de rythmes et de direction au sein
d'un même morceau, deux guitares jamais à court d'idées,
chant diversifié, un Loss Loss Loss hanté par l'électronique
se poursuivant sur un True Evil Black Medal tentaculaire, brusquement
coupé en son milieu par une partie toute calme et le retour du
violon en mode cette fois ci mélancolique pour mieux t'achever
sur une fin sauvage.
Sans manquer globalement de cohérence, cet album est parfois déroutant.
Un excès, une difficulté d'entrer dans les morceaux, de
ressentir une émotion face à cette débauche, comme
si Lov Lov Lov manquait d'amour et souffrait d'un trop plein d'ingrédients,
perdait l'auditeur dans les méandres de compos abondantes au détriment
d'une simplification qui aurait atteint le cur plus facilement.
Lov Lov Lov reste tout de même un album extrêmement
plaisant, foisonnant, débridé, un album pas spécialement
original mais sans influences particulières et dont il faudrait
refaire la chronique tous les deux mois. Elle serait différente
à chaque fois.
SKX (17/05/2012)
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