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africantape

Troisième album des nantais de Papier Tigre, Recreation n'est pas un divertissement de seconde zone, un interlude avant de passer aux choses sérieuses. C'est un album marquant une progression constante, le résultat de concerts aux quatre coins du globe, le fruit du travail récolté. Paye ta récréation.
Pas de bouleversement pourtant par rapport aux deux premiers albums de Papier Tigre, le self-titled et The Beginning And End Of Now. Juste le fameux changement dans la continuité, de la part de trois membres qui n'en font plus qu'un, se comprenant d'un regard, maîtrisant leur sujet sur le bout des kilomètres et des concerts à répétition. Ca vous forge son groupe et le sens de la composition. La force et l'intérêt de Papier Tigre ont toujours résidé dans ce savant mélange dont le nom, Papier Tigre, nous mettait sur la voie. Tout et son contraire, fragile et solide à la fois. Dure et souple dans les structures. Emotionnel dans le sens Fugazi, dont le groove et l'influence se font sentir ou froid et tranchant comme certains groupes noise-rock de Chicago. Alambiqué ou coulant de source, vous perdant dans les méandres de morceaux qui ne s'apprécient pas tout de suite ou vous saisissent de bonheur à la première seconde, comme le titre d'ouverture, I'm Someone Who Dies, dont le vidéo clip magistral est l'illustration parfaite (et que les gosses adorent). Un disque regorgeant de bouts de mélodies, principalement le fait du chant, d'harmonies mais aussi d'arrêtes et de coupures, de rythmes tropicaux, inventifs et des fractures, jamais facile d'accès et terriblement addictif.
De la pop labyrinthique ou du math-rock intelligible et sensible, tout le talent de Papier Tigre est de fondre ces éléments disparates dans des morceaux tenant en haleine et dont le plus beau fleuron résumant bien l'affaire se nomme The Later Reply. Plus de sept minutes d'élégance, de retenue, de crispations, d'envolées, d'une deuxième guitare qui crépite pendant que l'autre engrange les arpèges brillants, d'une tension inhérente à chaque titre, de mini-explosions et de décrochages. Un titre de toute beauté.
Un album qui est bien plus qu'une récréation. Une bouffée d'oxygène, une partie fine qui vous explose dans les grandes largeurs pour un groupe primordial dans le paysage rock actuel.

SKX (21/03/2012)