neptune
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Neptune
Silent Partner - LP
Northern Spy 2011

Un seul coup d'oeil au verso de la pochette de Silent Partner en dit long sur la sanction qui s'approche. Jonchés sur l'herbe, plantés dans la terre, les instruments de torture, maux de toutes les souffrances auditives à venir. Les New-Yorkais de Neptune n'ont jamais été connu pour vous faciliter la tâche mais avec ce huit ou neuvième album (leur discographie est pléthorique et se perd en albums officiels, disques d'improvisations, séries ultra-limités, CDrs 3 pouces, splits, 10''), Neptune se radicalise.
Sur ces quatre photos en vue plongeante, ce qui frappe, ce sont tous ces ustensiles rythmiques. Kits de batteries incomplets, percussions détournées en forme de valise, rayons de vélo ou encore ce qui ressemble à des enjoliveurs et tout un tas de boîtiers métalliques bourrés d'électroniques, avec des fiches vertes dans les boutons rouges et des fiches rouges dans les boutons verts, des oscillateurs, amplificateurs, bols et assiettes en aluminium et le manuel du parfait bricoleur pour les nuls. Ce qui frappe surtout, c'est le manque de guitares ou d'une basse qui donnaient de la vie à la musique de Neptune. Excepté une guitare qui traîne et fabriquée maison comme d'habitude, Silent Partner n'est que, principalement, une histoire de rythmes et de bidouilles électroniques. Ca n'est pas fait pour la paix des ménages. Si on peut saluer la volonté de Neptune de toujours aller de l'avant, de renouveler la quincaillerie de son rock, on peut également saluer l'échec de leur tentative. On ne gagne pas à tous les coups.
Jusqu'ici, Neptune avait toujours réussi à trouver la juste balance entre la face rock et la face expérimentale. Sur Silent Partner, l'expérimental a gagné. A plate couture. Un monstre froid et vide. Des superpositions de rythmes humains et de bip-bip, dessinant des climats décharnés de mornes plaines où on attend désespérément que quelquechose se passe. Des sonneries de téléphones et des ascenseurs en panne, des signaux électroniques synonyme d'absence totale de vie. C'est bien là tout le grand malheur de ce disque. La voix de Jason Sanford, encore plus discrète que d'habitude, quelques passages, trop rares, où l'intensité de la machinerie se fait plus chaleureuse (Triple your money) et un Rest of Breathing où le mélange des diverses percussions et des vapeurs electro est plus prenant, ne sont pas suffisant pour nous extraire de la torpeur dans laquelle Neptune nous a plongé. Et quand ce n'est pas de la torpeur, c'est de l'agacement. A l'image de Cash Mattress et ses huit minutes de noise minimaliste et répétitive. Avec le renouvellement des membres (Kevin Micka, ex-Animal Hospital et Farhad Ebrahimi, ex-Big Bear), Jason Sanford et Mark Pearson n'ont pas retrouvé la formule magique de Gong Lake et de l'ensemble de leurs précédentes productions toujours marquées du sceau de l'inspiration. Neptune s'est enfoncé dans les eaux profondes d'un album bien trop prétentieux.

SKX (07/01/2012)