kash
sickroom

Kash
Full Off - LP+CD
Sik Room 2012

Je croyais ce groupe définitivement rangé des bagnoles. Sept ans qu'il n'avait pas mis le nez à la fenêtre, depuis Open, un premier album qui correspondait à la même année que la sortie de Kash/Beauty is Everywhere, soit la réédition compilée de leurs deux premiers mini-albums. Sept ans, c'est long, on a le temps de changer. Et de vieillir surtout. C'est ce que je me suis dis/soupiré à la première écoute. Fini les angles cassés, le noise-rock décousu des Italiens originaires de Saluzzo (juste de l'autre coté de la frontière française), Kash se la coule douce. L'humeur est à la mélancolie, la mélodie et au slow. Oui, le slow, le bon vieux slow. Kash en dissémine quelques uns sur les huit titres, c'est déroutant de prime abord, cette lenteur soudaine mais c'est par eux que vient le déclic. Notamment sur Hero of Lovers. Avec un tel titre, ça ne pouvait être autrement. Ce morceau est tout simplement beau, rappelant les passages les plus subjuguants du Givin Up de Porch. L'impression que tout va tomber, que le chanteur va finir par se mettre à chialer, les arpèges vont cristalliser, le batteur finir par tout envoyer valdinguer mais non, c'est d'une magnifique retenue, lent, très lent, insaisissable, j'ai des envie de pelles.
Et cette impression de lenteur, de sobriété est prégnante sur tout l'album. Kash offre quelques soubresauts, des coups de pression, des rythmes plus soutenus, Steve Albini revenu enregistrer sur la terre de ses ancêtres donne de l'aplomb et un sentiment de dureté à la section rythmique mais Full Off est avant tout un album intimiste. Eagle est une autre de ces merveilleux morceaux, limpide, classieux, contrasté, tout dans le non-dit avec cette petite pointe de tension suffisante pour faire frémir l'échine. Et des compos respirant la classe, la souplesse tout en restant aiguisées, Full Off en est plein. La seule faute de goût réside dans le dernier titre, Blood Off, un autre slow mais tombant du mauvais coté du pathos, ampoulé, avec un chanteur qui était arrivé jusque là à ne pas tomber dans le maniérisme pompier. Pas idéal de terminer sur une sale note. Ca serait quand même dommage de condamner un disque qui met du temps à se dévoiler mais se révélant au final d'une subtile nervosité, finement mélodique et d'une élégance rare.

SKX (09/06/2012)