(artwork 2010)






Ulan Bator
2° - 12''
Killedbyanaxe records 2010

Quoi ? Serais-je devenu fou ? L'actualité musicale est-elle à ce point désertique que je me penche sur le cas d'un disque publié en 1996 via Les Disques du Soleil et de l'Acier (DSA pour les intimes, avec Gérard N'Guyen en Président Directeur Général amoureux de Yukio Mishima) ? Le patron vous a récemment dit ce qu'il pensait de Tohu-Bohu, la dernière livraison en date d'Ulan Bator et, miraculeusement, je suis pour une fois plutôt d'accord avec lui. Mais l'autre actualité du groupe d'Amaury Cambuzat c'est aussi cette réédition, pour la première fois en vinyle, du deuxième disque d'Ulan Bator par le label parisien Killedbyanaxe - oui ça s'écrit tout en attaché - lequel label n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il nous avait déjà proposé une réédition sous le même format du Blind Sink de Bästard.
Peut-on trouver un quelconque intérêt à un tel disque aujourd'hui, en 2011, si on n'est pas né avant 1976 ? Et bien oui. D'abord le travail effectué est formidable, la pochette a été rafraichie mais pas trop et surtout l'enregistrement a été remasterisé de mains de maître par Ivan Chiossone (le druide barbu de Narcophony et de Zëro). Enfin, puisque n'avait donc jamais paru sur support vinyle, le réécouter des années après, dans de telles conditions, avec une telle qualité de restitution, alors que le pressage est d'une qualité supérieure, relève de la (re)découverte pure et simple.
Pour beaucoup est ainsi le meilleur enregistrement d'Ulan Bator. Et ce n'est pas cette réédition qui va infirmer la chose, bien au contraire. On pourrait juste pour le plaisir refaire l'énumération des cinq titres - seulement - qui composent ce disque d'une fraîcheur et d'une pertinence toujours d'actualité mais on va faire simple et peut être un peu trop schématique mais tant pis : à l'époque Ulan Bator c'était un mélange de post rock (sauf que cela ne s'appelait pas encore comme ça) mais de post rock tendu et vibrant (l'introductif Polaire, le génial Silence et l'évanescent Episcope) et de noise noblement racée et aérienne. Ce dernier aspect est représenté par deux titres : Sea-Room et sa basse grinçante aux cordes frottées par un archet et D-Press T.V., hit absolu d'Ulan Bator.
La suite on la connait, Ulan Bator se tournera toujours plus vers la chanson, abandonnera presque totalement l'anglais pour le français, changera de line-up un nombre incalculable de fois, aura des réussites plus ou moins diverses mais son guitariste/chanteur, seul rescapé du line-up originel, gardera toujours à cœur d'aller toujours plus loin dans sa vision immanquablement personnelle et originale de la musique. Un exemple.

Haz (14/06/2011)

original arwork CD :