snowman
dotdash
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Snowman
bsence
- CD
Dot Dash 2011
LP version 2015 Trait records
Suite au
fantastique album The
Horse, The Rat And The Swan, on pouvait se demander dans quelle
direction les Australiens expatriés à Londres allaient se
diriger. Un album riche, varié. Tout était permis. C'est
la voie de la démission qu'ils ont choisie.
bsence
comme absence de perspective pour un groupe englué dans le brouillard
anglais. Absence de la famille et des amis restés sous le soleil
des Antipodes. L'absence synonyme de perte et de dislocation des repères.
Snowman referme définitivement le triangle.
Et pour ce grand départ, voie du sépulcrale et de l'onirique.
Fini l'instinct de destruction, l'ivresse du chaos, la sauvagerie du rock.
Dans ce dernier souffle, désabusé et meurtri dans leurs
chairs, on aurait pu croire Snowman enclin à tout envoyer valdinguer,
foutre un ultime coup de pied dans ce nid de vipères. C'est tout
le contraire. Absence est un disque reposant, enveloppant vos sens
dans un halo de couches sonores, quasi fantomatique. Un disque conçu
comme un refuge pour un groupe déboussolé. Un disque fait
pour eux et leur salut. Déconcertant. Les trois voix s'emmêlent
pour ne plus former qu'un chant asexué et chimérique. Les
guitares ne sont plus envisagées comme des tranchoirs mais louent
les délices du jardin d'Eden, se fondent avec les sonorités
de synthés et le rythme est en retrait tout en apportant ce dynamisme
nécessaire.
Les moyens mis en uvre ont subitement changés mais la persistance
de cette beauté étrange et inexpliquée continue de
souffler sur la musique de Snowman. Une douleur diffuse, un détachement
des lourdeurs terrestres et le talent de Snowman pour jongler avec une
musique évanescente tout en restant consistante, jouer sur la transparence
et le flou tout en vous hypnotisant. Froid et chaleureux, une force cachée
et insoupçonnée émane de chaque morceau, flottant
entre l'abstraction d'un Cocteau Twins, la résonance électronique
d'un Portishead, les effets magnétisant du shoegazing et un charisme
déconcertant, entrevu déjà sur l'album précédent
quand, dans un éclat tout autre, Snowman arrivait à associer
le beau et le lugubre dans la même phrase.
Passé le moment de la surprise, Absence est bien loin de
se révéler aussi décevant qu'on aurait pu le croire.
Son seul défaut, c'est la répétition de ces ambiances
vous plongeant dans un état cotonneux, son manque de discernement.
La grande force de l'album précédent était ses contrastes
et sa schizophrénie. Passé la moitié d'Absence,
on ne distingue plus les contours, le brouillard s'épaissit et
Snowman disparaît pour de bon. Un disque bien en deçà
de The Horse, The Rat And The Swan mais, à ma grande surprise,
Absence possède un charme bizarre et addictif, de la part
d'un groupe mettant en musique son propre anéantissement.
SKX (24/11/2011)
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