sisteriodine
Sister Iodine & Masaya Nakahara
Meth : Live In Tokyo - LP
Premier Sang 2010

Tout est dans l'intitulé et le titre de ce disque : d'un côté Sister Iodine en très grande forme dans le n'importe quoi ; de l'autre Masaya Nakahara (de Hair Stylistics ou Violent Onsen Geisha) tout aussi à l'aise dans le bruit et la torture auditive ; le tout forme un album enregistré en concert à Tokyo le 18 janvier 2010. La photocopie qui sert d'insert à ce LP ne nous en apprendra pas beaucoup plus. Même le site officiel du label Premier Sang semble avoir disparu de la face éclairée d'internet. Il nous reste donc cette pochette volontairement (?) laide à regarder et ces deux faces à écouter. Mais le combat de titans entre un power trio pratiquant une noise jusqu'au-boutiste et un harsheur nippon sans scrupules n'aura pas lieu : Meth : Live In Tokyo se révèle être parfaitement écoutable, bien plus accessible que Flame Désastre, le LP que Sister Iodine avait précédemment publié sur le même label. Evidemment ces deux faces sont quand même deux longues plages de bruits chaotiques et monstrueux, évidemment il n'y a ici aucune trace de musicalité - et puis quoi encore ? - mais une volonté évidente de nuire à son prochain.
Le prochain, c'est vous, c'est moi. Est ce la qualité de l'enregistrement et du mastering, un peu étouffée mais détaillée, ou bien la prestation, assez folle tout de même, de nos quatre amis mais Meth : Live In Tokyo n'est pas l'apocalypse sans retour que l'on aurait pu craindre - ou désirer de tout son cœur, ça dépend de vos sentiments profonds et de votre degré de surdité - ni l'équarrissage barbare auquel on pouvait s'attendre. D'ailleurs on entend parfaitement tout ce qui se passe, on discerne chaque intervenant (et pas seulement la batterie lorsque elle est en mode orgue de Staline) et on prend un certain plaisir à déambuler au milieu d'une musique arrivant à transformer l'ignoble et l'abject (sur la première face) en expérience limite sensorielle et sacrée, sorte d'eucharistie du bruit (seconde face). Si Flame Désastre était un disque belliqueux et sanguinaire, Meth : Live In Tokyo est presque spirituel - certains exégètes parlent de psychédélisme à propos de ce genre de harsh noise plus volumétrique que frontal, je laisse donc les spécialistes opérer cette savante distinction, ou pas.

Haz (10/04/2011)