satanized
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Satanized
Technical Virginity - LP
Skin Graft 2011

Ca fait combien de temps que Skin Graft n'avait pas sorti un vrai bon disque ? On ne compte même plus. Mais on le tient ce fameux disque et ça ne surprend personne tant les deux précédentes productions de Satanized, un split single et un premier album, Sickness & Hellth : The Secular Chansons of Satanized avaient permis les espoirs les plus dingues. Et dingue, cette musique l'est. Pas le bruit édulcoré qui fait pschitt comme Aids Wolf, Pre ou Gay Beast. Mais du vrai bruit de gros durs, du fêlé, du psychopathe, du consistant, du bruit qui tape dans tous les coins et ne s'échappe jamais, comme un casse-brique avec des parpaings et qui vous marque à vie. Les quatre de Philadelphie reprennent le flambeau de Colossamite, Flying Luttenbachers, Dazzling Killmen et ne partent pas en retraite. Ils continuent de l'avant, martyrisent leur noise-rock avec du free-noise. Les rythmes suivent des courbes fracturées, s'écrasent dans des angles vivants, tour à tour aléatoires ou fulgurants, à fond dans le mur. La basse gronde, grogne, cogne, trépigne pendant que le jeu du guitariste Alex Nagle est hyper coupant et lézarde les pavés envoyés par la section rythmique. Pour couronner le tout, il fallait un chanteur au diapason. Andrew Gaspar et ses cordes vocales le rendent bien, insufflant toute la hargne et la folie nécessaire sans jamais en faire un poil de trop. Technical Virginity s'inscrit dans la lignée des précédents disques mais en étant encore plus copieux, solide et inspiré avec des titres donnant envie de presser la touche repeat jusqu'à ce que mort s'en suive, comme le tendu Arnaud De Verniolle ou le fructueux Pain is my Barometer. A moi aussi, mon chéri. En parlant de douleur, j'aurais bien cité également The Rites of Sodomy, Satanized ayant le talent supplémentaire de nommer judicieusement ces morceaux. Le seul défaut de cet album, c'est la durée. Sur les huit compositions, la première (One For Asmodeus) n'est qu'une plage de vague de bruits et vaguement bruyante et la dernière, The Fear (To Penetrate), c'est à peu près la même chose mais avec les incantations de Gaspar en prime. Je n'ai pas eu ma Pain quotidienne, mon baromètre n'est pas monté assez haut, c'est qu'il aime ça le salop mais le mercure est suffisamment bouillant pour déclarer Technical Virginity grand pourfendeur de tympans et de salubrité publique.

SKX (26/10/2011)