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Pygmy Shrews
You People Can All Go Straight To Hell - LP
Jack Shack 2011

L'énorme No qui barre la pochette de You People Can All Go Straight To Hell pourrait être une indication. No comme no-wave, normal pour des New-Yorkais, le refus de la normalité et des conventions rock. Continuer l'entreprise de démolition entamée sur le premier album The Egyptian, plonger encore plus profond dans les tréfonds du détraqué, de la musique hystérique et bannir tous repères. C'est tout le contraire. No à la surenchère. No au petit jeu de qui sera le plus fou d'entre tous dans une scène qui ne manque pas de tarés du bruit. C'est la face la plus rock que Pygmy Shrews a décidé de creuser, celle d'un premier album où il avait déjà mis ce mot au centre de leurs intentions bruitistes.
Sur la face souris, Pygmy Shrews ne tend pas de piège à l'auditeur. Six morceaux, retour au basique, certes envoyé avec fermeté et conviction mais on y décèlerait presque des refrains, des semblants de mélodies quand le chant de Ben Greenberg et Tia-Vincent Clark se mélangent, s'arrachant des chœurs surprenants. Du punk-noise au vitriol, sans complication, balancé à plein poumons, des soli de guitare à fond la caisse et les coups de baguettes de Villalobos (rebaptisé Villaloco), l'ex-Drunkdriver fou, qui s'y connaît pour pulser la machine. Mon petit doigt me dit qu'on va assez rapidement s'en lasser de ces six missiles, qu'ils provoquent un plaisir instinctif, l'excitation de l'instant mais qu'ils manquent aussi un peu de consistance pour la dure épreuve du temps. Reste qu'un morceau comme Snake Eyes ou l'intro de Total Blow rappelant un titre d'Unsane, faut pas les bouder et se les prendre de plein fouet sans trop réfléchir.
Maintenant, oubliez tout ce qui vient d'être dit et retourner le disque. La face fromage tartine une seule et longue même plage. Fuck the law est son titre. Fini la sobriété. Plus de dix minutes de bordel intense, (re)bienvenue chez les tarés. Instrumental tout à fond, plus de repères, plus de branches, plus rien à s'accrocher, Pygmy Shrews envoie tout paître. Rythmique répétitive et musclée et par-dessus, Greenberg qui s'en donne à cœur joie dans les aigues de la guitare pour vous balancer une avalanche de notes stressantes, vomissant son petit déjeuner, la loi et sur vos tympans. Et usant vos nerfs. Hüsker Dü et son Reoccurring Dreams peuvent dormir tranquille.
En mode normal ou mode anormal, Pygmy Shrews ne tranche pas, n'a sûrement pas envie de le faire, prendre, tout, tout de suite pour une trace dans le cerveau de l'auditeur qui ne restera pas profonde longtemps. Chose dont ils ont certainement rien à foutre quand on appelle son disque You People Can All Go Straight To Hell.

SKX (14/11/2011)