Pygmy Shrews
Lord God Busted/Kill Yourself - 7''
Fan Death 2009

The Egyptian
- LP
Wantage USA 2009

Sortie simultanée pour ce trio new-yorkais avec le batteur actuel de Drunkdriver (Jeremy Villalobos et ex-Wives) et un membre de Zs (Ben Greenberg). Autant dire que les oreilles vont saigner. Vous rajoutez une demoiselle, Tia Vincent-Clark à la basse et au chant qu'elle partage avec Greenberg et vous obtenez un nouveau groupe de jeunes gens expérimentés de la scène bruitiste américaine qui savent comment irriter avec doigté les plus sensibles d'entre vous. Commençons par l'album.
A l'autre bout du pays, il n'y a pas que des écrivains à Missoula, il ya également Wantage USA, de quoi faire dérailler plus d'une belle plume. Alléché par l'odeur du sang frais et une fine connaissance de tout ce qui est bruit et salacité, Wantage a bien compris que ces musaraignes pygmées sont bien plus malines que la moyenne et que leur noise est capable de filer entre les pattes de n'importe quel piège à cons. Car si on était parti pour une belle branlée de bruit facile et gratos, il faudra repasser. Certes, la branlée, on l'a quand même mais Pygmy Shrews y met les formes. L'anarchie canalisée. Pas d'expérimentations arty et de branle manche vomissante, que du lourd, du sauvage et au milieu de leur bruit, ils ont mis le mot rock. On est carrément parfois à repenser à ces bons vieux texans des Cherubs (partis mordre la poussière depuis longtemps) avec des attaques de basse filant le frisson (Rent Hole ou Big Time), un noise-rock percutant et saignant, des tombereaux de toms basses et des guitares grésillantes. L'énergie et les structures sont clairement rock avec des morceaux où tout est éjecté sur une courte durée et des chants hargneux mais audibles. On peut même dire que la bassiste a du coffre et quand elle prend pouvoir, elle est capable de vocalises promptes à calmer plus d'un chevelu hirsute à deux pieds sur sa guitare. Seuls les deux morceaux les plus longs de l'album (un peu plus de quatre minutes, pas un péplum non plus), présentent des structures moins conventionnelles. Dead Wrong, guitare bavarde, à l'agonie, chant parlé-décalé, rythme ralenti. Crud Monger, assemblage limpide de poisseux, d'une brève mandale dans la tronche et d'une tentative de duo improbable entre une batterie bloquée sur la même note et une bassiste qui se prend pour le mystère des voix Bulgares. The Egyptian ne vous fera pas marcher carré. C'est au pas de charge, ça laisse des cadavres sur les bords de route et tout ça est étrangement réjouissant.






Retour à l'est dans le Maryland, près de Wasington DC et Fan Death records pour un single de deux titres inédits. Lord God Busted est tiré de la même session d'enregistrement que The Egyptian. C'est la version non conventionnelle. Est-ce le rapprochement de leur home town New-York qui donne ce petit coté no-wave DNA ? Définitivement non quand la demoiselle aidée par de mâles incantations et une puissance de déménageurs déboulent sur la fin. Ce morceau aurait eu une place de choix sur l'album. Face B, Pygmy Shrews s'attaque à d'autres new-yorkais légendaire, Pussy Galore et Kill Yourself, morceau que l'on trouvait à l'origine sur la cassette Oven Bait et vendue avec le magazine Forced Exposure puis sur d'autres disques par la suite. Je ne connais rien à l'original mais on sent bien que ce n'est pas du Pygmy Shrews. Morceau qui n'est pas mauvais en soi mais il a quelquechose qui cloche, un rythme trop enjoué malgré toute la conviction du guitariste pour le pourrir de l'intérieur.

SKX (17/11/2009)