Pre, le genre de groupe qu'on adore détester. Mais dont on ne peut s'empêcher de se procurer chaque nouvelle sortie. Celle du jour porte bien mal son nom. Third Album est un single, giclant en sept minutes, cinq titres ne dépassant jamais les deux minutes. Pochette façon patchwork géant, recto, verso et à l'intérieur, de photos de Pre en concerts, en tournée, en fin de soirée, au repos. De la chanteuse, Akiko Matsuura, en soutien-gorge, à quatre pattes, se roulant par terre, bref sa vie quotidienne. Et de Scarlett Johansson avec Pre tatoué sur le front, source d'un magnifique t-shirt que Pre vendait sur son stand de merchandising. Une certaine idée de la classe. Pre nous sert donc sa soupe habituelle, Melt-Banana au pays de sa gracieuse majesté avec une pincée de Arab On Radar pour les guitares et un disque enregistré, comme pour le dernier album Hope Freaks, par Albini. Mais contrairement à cet album, la furie Pre passe beaucoup mieux sur le format court. La lassitude ne pointe pas son vilain museau. Pre mâche du noise-rock ludique à la chaîne, on a beau connaître tout par cœur, être aussi surpris qu'un nez au milieu de la figure, Pre arrive à nous faire frétiller les narines. Cinq titres particulièrement aiguisés, de fun acide comme le bien nommé Yr Fun is Fun et d'un autre (White Castle) tellement réussi que je l'ai pris d'abord pour une reprise de Melt-Banana ! Plagiat honteusement séduisant.
Et là, c'est l'heure du bonus. Si Pre comptait justifier le terme Album avec les huit titres supplémentaires, c'est peine perdue. Non seulement parce ces morceaux sont uniquement disponibles si vous achetez la version CD - Skin Graft n'étant pas foutu de glisser un maigre CD ou un coupon download à l'intérieur du 45 tours, heureusement internet fourni tout et le reste également - mais parce que ces huit titres sont du recyclage, excepté pour deux, Coughing et Goof, dont la provenance est non identifiée. Inédits, fond de tiroirs, cette question primordiale est posée.
Le reste des morceaux sont issus d'un single compilation avec Aids Wolf, Dmonstrations et Crack Und Ultra Eczema, datant de 2006 sur Lovepump United. C'est le cas pour Duncan's Banus et Big Dique. Quant à Dead Pony, Treasure Trail, Swollen et Silver Skull, ces quatre titres se trouvaient sur leur premier single, Treasure Trails, datant de 2007 sur Blood of the Drash. On appelle donc ça de la réédition et à la décharge de Skin Graft, ce n'est pas une si mauvaise idée vu la qualité des morceaux issus de Treasure Trails et que je n'avais jamais eu l'occasion d'écouter. Dire que Pre avait sorti son meilleur disque dès le début est un peu dure pour leur ego et pourtant, on n'a pas l'impression d'écouter un ersatz de Melt-Banana. Un vrai vent de folie, du bruit consistant, aucune facilité ou putasserie, des guitares inventives. Un morceau comme Dead Pony, avec son surplus de claviers, est sûrement ce qu'ils ont composé de plus conséquent et virulent. Le Big Dique est aussi bien bandant. L'idéal serait donc de se procurer ces disques originaux, ce qui ne devrait pas être difficile puisqu'ils se trouvent sans trop de problème et sont bradés vu que Pre, c'est pas terrible mais c'est quand même bien de les avoir.

SKX (02/11/2011)