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Menfolk Beast One/Man Nil - LP Play/Rec 2010 Il est très facile de se moquer de Menfolk. De les voir uniquement comme une copie carbone de Shellac. Mais alors, qu'est qu'on fait de New Brutalism, de Poino, de tous ces groupes où il est difficile de ne pas citer Birthday Party comme référence (et il y en a une palanquée), de tous ces groupes qui pillent honteusement Gang of Four, Wire et en tirent tous les lauriers ? J'en sais foutre rien mais à ce rythme là, on va beaucoup rigoler parce que cet imbroglio, c'est un peu le résumé de toute l'histoire de la musique, non ? Surtout que la référence des danois de Menfolk, c'est avant tout Rapeman plutôt que Shellac, un noise-rock plus brutal et complexe que cérébral et si une écoute rapide peut prêter à sourire, faut reconnaître que le produit, aussi original qu'un touriste allemand en birkenstock, réunit parfaitement tous les codes du genre pour en faire au final un album plaisant. Le Chicago sound dans toute sa splendeur. On peut très bien comprendre la fatigue qui va avec, que ça vous passe au-dessus mais l'ardeur avec laquelle Menfolk l'assène peut également séduire les moins blasés. Menfolk, c'est surtout deux basses pour une férocité en plus, une guitare qui sent l'aluminium (le groupe construit lui-même pratiquement tous ces instruments), un son bien rempli et noise, quatre types fignolant les moindres détails (cinq ans se sont écoulés depuis Colossus, leur premier album), un sens aigu du riff chirurgical, d'un groove rock'n'roll façon Big'n reprenant AC/DC, de déconstructions et de stop and go qui démettent les cervicales et de lignes mélodiques pour mettre un peu de tendresse dans la rudesse du paysage, valant franchement le détour sur quelques morceaux comme Column 79. Et terminer en beauté par un Rubato (Con Song) qui prouve que Menfolk a également de l'humour et qu'une tournée sous les tropiques les attend. Menfolk est à l'image de tous ces groupes en brut (New Brutalism, Soldat Brut, Villabrut, Beton Brut), les gardiens du temple d'une tradition qui a la vie dure. Et je ne vais pas m'en plaindre. SKX (16/08/2011) |