kourgane
atantreverduroi


Kourgane
Corps De Chasse - LP+CD
A Tant Rêver Du Roi 2011

Après avoir usé Heavy jusqu'à la corde et n'être jamais sorti de ce sac de noeuds, chose impossible, Kourgane ressort de sa tanière et propose un Corps de Chasse pour sonner le rappel des troupes, flinguer dans le tas et ramener quelques têtes. L'étau se resserre, les victimes vont être nombreuses.
Six titres seulement, tir groupé. T'as pensé qu'à ta gueule gros bœuf donne moi du nerf. Kourgane, spécialiste en viande crue, continue de malaxer ce rock tout en intensité hypnotique, du genre peu compliqué quand on s'y plonge bien, parabole épileptique, incantations traversées de fulgurances, élévation vers une tension encore plus accrue, tour de force d'être encore plus ramassé sur soi, vénéneux, écriture serrée, dans ce vacarme bleu où le silence roule, et dans la même frappe, tout exploser dans les grandes largeurs, l'ampleur déployée, le lyrisme sec et sans fard. Au milieu de nowhere, les quatre de Pau ont du bol car tout ce qu'ils touchent se transforme en chair à canon, broyer menu-menu de l'auditeur qui ne sait plus où il se trouve. Inclassable Kourgane.
Plainte mourante de la brise matinale, on soupire de retrouver Kourgane aussi ensorcelant qu'Heavy. Ta parole c'est du flanc au garot ça tabasse. Kourgane pousse le bouchon de Corps de Chasse encore plus loin. Vicieusement. Sans chercher à plaire mais faire plus de gibier pour midi. Rambarde, c'est le Chemin Blanc de Heavy. Natacha a remplacé Karine. La tension patiente, qui monte, montée de neuf minutes, de là haut, la vue est plus belle, on sait bien comment ça va finir. Et ça vole, ça vole bien dans un final (es)soufflant. Father, qu'est ce que tu as fait ! Radio Free Asia est un autre morceau de bravoure. Rythmique se prenant d'entrée une accélération mais c'est en fait tout le morceau qui se prend une continuelle charge en avant pour finir dans un chaudron de guitares, seules au commande. How much longer… On en reprendrait des doses et des doses, cette science de la répétition, élevée au rang d'oignon, le doigt dans un engrenage infernal. Pas envie d'entendre d'autres bruits.
Mais Kourgane ne serait pas Kourgane sans ce chant qui me laisse toujours sans voix. On ne va pas écrire encore le même sempiternel refrain sur ce particularisme, vous êtes frileux, vous avez peur, besoin d'être rassuré, c'est bien normal mais vous n'entendez rien, un doigt dans le cul. A l'abri des rotules dans ta boite de merde. Alors on se concentre sur les paroles que les italiques de cette chronique reflètent. Assemblage de sons et de mots pour un nouveau sens, juxtaposition qui n'a rien d'aléatoire, tu n'auras rien saisi mais tu auras tendu vers, on capte pas grand-chose mais la magie fait le reste, l'imagination à plein régime. Comme disait son géniteur Frédéric Jouanlong il y a deux ans, il faut que ça claque et ça claque merveilleusement bien. Et les paroles de Elan Un sont l'apothéose, le coup de maitre. Une plus-value énorme qui donne un sens au vertige musical de Kourgane.
Le phénomène Kourgane. Ne laisse personne indifférent, pour les meilleurs et pour les pires. Tiens pour toi bouc. Corps de Chasse est une magnifique soufflante dans les bronches et Kourgane, une personnalité comme on en rencontre rarement. Profitez-en. Après avoir mis la barre très haute avec Heavy, ils récidivent, l'effet de surprise en moins mais le plaisir toujours aussi chaud bouillant.

SKX (16/05/2011)