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The Knife Symphony/LKN
Split LP
Phratry 2010

LKN pour Lauren Kathryn Newman. Soit une femme et une seule. Guitare, basse, synthés, chant et son instrument de prédilection, la batterie. Une jeune américaine originaire de Portland qui en impose mais ce n'est pas gage de qualité. Son précédent disque, Phratry EP (Phratry records 2008) vous a été sciemment passé sous silence car si il n'y a rien à redire sur son instrument de formation, maniant avec dextérité baguettes et roulements de caisse claire, la demoiselle en fait des tonnes dans le solo de guitare. La limite du supportable a été allégrement franchit et comme son chant n'a rien à lui envier, ce disque avait été le calvaire d'une tambouille de classic rock qui n'ose dire son nom, déguisé en noise-rock boursouflé et sans vraiment de direction musicale.
Avec ce nouveau split album avec les copains d'écurie The Knife Symphony, l'impression de bouffer de la merde présentable vous étreint dès le premier titre. Set Intro, blues bœuf du samedi soir à la guitare insupportable, suivi de près dans l'insipidité crasse par Roll The Bones. Et puis d'un seul coup, LKN a dû se souvenir qu'elle avait été la batteuse de Bellini sur la tournée américaine de 2005. Ou alors c'est la faute à des enregistrements disparates, s'étalant de juillet 2008 à octobre 2009, en tout simplicité, à la maison, des morceaux comme ça vient, des jams qui suivent l'inspiration du jour d'où l'intérêt très variables de ses six morceaux. En tout cas, le troisième titre, July 5, 2008 est soudainement excellent. LKN n'a pas encore le jeu fiévreux de Agostino Tillota mais elle a enfin compris que la guitare est un instrument comme un autre, il ne sert à rien de jouer au héros de la six cordes et l'ensemble sonne merveilleusement bien, nerveux à souhait, enfin cohérent. Le titre suivant, Sign my Cast suit un chemin similaire, excepté qu'elle ne peut s'empêcher de coller un foutu solo de foutu gratte, heureusement bien derrière dans le mix. On respire. Mais de justesse car sur le suivant, elle nous refait le même coup alors que pour le dernier titre, elle s'offre une ballade au piano qui nous ferait presque regretter sa guitare. Deux titres et demi sur six de potable, LKN a encore du boulot avant de se faire un nom.

Avec The Knife Symphony, c'est facile. Il suffit de reprendre ce qui avait été dit sur Dead Tongues. Soit un disque en progrès par rapport à Crawler, l'album encore d'avant. Les trois titres de ce split montrent donc le trio de Cincinnati en constante amélioration. C'est de plus en plus au cordeau, de l'emo-core séchant ces larmes pour ne laisser briller que le couteau qu'ils ont entre les dents. Les chœurs de la bassiste sont définitivement au placard (enfin on l'espère), on va pouvoir se faire de grosses tapes viriles dans le dos, sauf que, sauf que, The Knife Symphony garde les sentiments à fleur de peau et les sept minutes de Flat Time vous font passer par tous les états, le quasi silence en plein milieu itou et que si ce trio se décide à n'écrire que des morceaux de cette trempe, on va pouvoir jouer du canif avec eux. Et comme les deux morceaux encadrant ce titre phare font preuve d'une attitude plus (post) punk, cassante et sur le fil du rasoir - en gros, ils sont tout bonnement remarquables - on peut s'attendre à de grandes choses pour The Knife Symphony.

SKX (27/06/2011)