Des groupes qui peuvent se targuer de maintenir la flamme d'un emo-core qui ne se laissent pas aller à des pleurnicheries ne sont pas légion. Des groupes comme 400 Years, Portrais of Past, Policy of Three ou tout ceux qui ont marché dans les pas de Fugazi sans en édulcorer le propos, faisant le bonheur du genre dans les années 90. Le style persiste, et pas seulement aux Etats-Unis. La France compte également son lot d'hardcoreux qui a essayé de montrer autre chose que leurs muscles et leurs tatouages. Avec plus ou moins de bonheur. Et moins que plus, si vous voyez ce que je veux dire.
Alors de temps à autre, on tombe sur un groupe perpétuant le mythe avec réussite. Knife The Symphony le fait de mieux en mieux. Un trio de Cincinnati, avec dans ces rangs Jerry Dirr, batteur et boss du label Phratry, dont le premier album Crawler (un LP avec un vrai CD digipack dedans, pas le vulgaire CDr accompagné d'une photocopie, voir ci-dessous) possédait encore trop de mielleux en son sein pour être pleinement convaincant. La faute principalement à des chœurs sucrés tombant comme un cheveu sur la soupe, la faisant recracher aussi sec.
Dead Tongues date déjà de 2009 mais cette musique n'a plus d'âge. Il montre surtout un groupe en progrès. Nonobstant ce chant féminin, œuvre de la bassiste Robyn Roth, qui apporte certes une touche de douceur dans ce monde de brute mais qui est surtout interprété comme de la sensiblerie malvenue. Notamment sur le dernier titre, justement nommé Final, qu'on finit hélas par zapper. Reste cinq titres au son bien tranchant, à la dynamique vigoureuse, soutenu énergiquement par le chant du guitariste Jeff Albers et des compositions finement balancées entre les montées émotionnelles, les accalmies et les charges en avant. Dead Tongues mais un style musical toujours en vie et apportant son lot de plaisirs.

SKX (27/06/2011)





Crawler - LP+CD