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hella sargenthouse |
Hella Jamais je
n'aurais pensé un jour redire du bien de Hella. Je les croyais
perdu à tout jamais, empêtrer dans leurs bouzes surdimensionnées
qui se nommaient Church
Gone Wild ou There
is no 666 in Outer Space. Voir carrément perdu tout court
puisqu'on était sans nouvelle de Hella depuis 2007. Chacun vaquait
à ses occupations, avec plus de malheur que de bonheur, tout aussi
empêtré dans des projets solos ou des collaborations stériles.
Spencer Heim (guitare) et Zach Hill (batterie) viennent de rebrancher
le courant. Retour au duo historique sacré. Chanteur lynché
sur la place publique. Les autres musiciens remerciés à
coup de pied au cul. Alors tant qu'à revenir aux bases, autant
reprendre le manche là où Hold
Your Horse Is nous avait mis un énorme coup de bâton
avant de peu à peu lâcher prise. La pochette a pourtant de
quoi faire peur vu comme ça. Mais une fois ce superbe gatefold
entre les mains, s'ouvrant sur les mêmes motifs qui vous arrachent
les yeux, on se retrouve avec une suite logique de leur premier album.
Comme si rien ne s'était passé entre. Tripper n'est
pour autant pas un Hold Your Horse Is bis. C'est le bras armé,
celui qui te fout une torgnole encore plus virulente. Ils vous avaient
déjà fait le coup, on était prévenu mais ça
fait aussi mal. Les baguettes de Hill vous démontent la colonne
vertébrale. L'animal ne s'est pas calmé, tentaculaire, démonstratif
mais diablement efficace. D'une telle débauche et furia qu'il fait
oublier toutes autres considérations. On sait qu'il en met partout,
on connaît le bougre mais sur Tripper, il trouve le dosage
idéal. L'évolution la plus palpable viendrait plus de Spencer
Heim. Fini le tapping de malade, fini de faire courir à tout va
ses petits doigts stressés sur le manche de sa guitare. C'est pas
le genre à se calmer mais il le fait différemment. Par vagues,
par convulsions, avec un son presque synthétique se confondant
avec les keyboards qui s'intercalent dès qu'ils peuvent, donnant
un aspect encore plus compact mais respirable à Tripper.
Alors oui, c'est de la haute volée, c'est pas pour les manchots
mais le souffle l'emporte aisément sur la technique. Ca vous agrippe
par le colbac, vous malmène dans tous les sens, ça vous
met la tête sous l'éteignoir mais c'est surtout virevoltant,
trépidant, oxygénant, avec des bouts de mélodies
qui pendent, des envolées incroyablement intenses, des bouts d'avant-garde
et d'expérimentations, des détours vers la musique bruitiste,
du rock en mode atomique, un dialogue qui n'est pas de sourd entre deux
musiciens autistes mais qui reviennent à ce qui savent faire de
mieux. Du math-rock de folie. SKX (17/10/2011) |