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HELLA
Church
Gone Wild /Chirpin Hard - 2xCDs
Suicide Squeeze 2005
La dualité
Hella. On ne parlera pas de duo mais de deux personnes jouent l'un avec
l'autre et non pas ensemble, la nuance est de taille. J'ai eu l'occasion
(notez bien que j'ai dit occasion et non pas chance) de
passer un semaine avec eux en Italie l'année dernière et
c'était à se demander par quel hasard ces deux personnages
(Zach Hill le batteur et Spencer Seim le guitariste) s'étaient
retrouvés à former un groupe. Les seuls paroles échangées
ont dû être passe moi le sel et peux-tu baisser
ton putain d'ampli (là c'était le batteur qui parlait).
Drôle de groupe
Il n'est donc pas surprenant de constater que ce troisième album
est un double avec chacun sa face. Le disque du batteur. Le disque du
guitariste. Chacun joue de tous les instruments sur chacune de ces compositions.
Un groupe soudé j'vous dis. On se demande encore pourquoi ils ont
sortis ça sous le nom de Hella. Surtout que musicalement, le Hella
tel qu'on le connaissait est mort et enterré. La face Hill est
sans doute la plus surprenante. Une symphonie bruitiste plus proche de
l'univers de Ftus que n'importe quel groupe math-rock. On connaît
le jeu généreux et extrême du bonhomme. Sa façon
de composer est à l'identique. Superpositions de samples, de voix
des deux sexes, de guitares, de bruit débarqués du grand
n'importe quoi et de batterie bien sûr mais mise en retrait. Le
batteur s'efface devant un personnage tentaculaire avec 15000 idées
à la minute. Ca confine à une logorrhée auditive,
trop c'est trop. C'est très personnel. Parfois la sauce prend,
l'infernale machine se met en place mais trop souvent, on ne saisit pas
où il veut en venir, un grand déballage pour rien, le bruit
pour le plaisir du bruit. Il coupe les ponts. Il coupe tout. Qui m'aime
me suive.
Avec Spencer Seim, on repose les pieds sur terre. De ce double album,
c'est sans doute la version dans laquelle les fans de Hella se reconnaitront.
On retrouve dans certaines mélodies son délire jeu vidéo
entamé avec son autre projet The Advantage. A savoir, reprendre
tous les thèmes des jeux Nintendo en version rock. Un délire
comme un autre mais qui reste très anecdotique. Sur ce disque,
il fait tout en solo, notamment la batterie qu'il assure déjà
au sein de The Advantage. Un jeu forcément moins pieuvre humaine
que son compère né avec des baguettes au bout des bras.
Machines et boite à rythme viennent régulièrement
l'aider à faire mousser ses mélodies pour adolescents attardés
qui ont oublié de couper le cordon ombilical qui les relie à
leur console de jeu. C'est rigolo. Dans un bon jour, je dirais même
plaisant mais ça reste quand même pas folichon à l'arrivée.
Hella - ou ce qu'il en reste - vient de prendre un drôle de virage.
Le seul duo un plus un qui, par une mystérieuse force, continue
vaille que vaille, cote à cote, des frères ennemis que rien
ne rapproche, et pourtant, les deux ensemble, c'était monts et
merveilles, l'alchimie du contraire en fusion. Séparément,
ça s'éparpille et ça vaut plus grand-chose. Le fil
va bien finir par se rompre. Chacun son chemin, à explorer sa propre
voie mais les gars, laisser votre gosse Hella tranquille.
SKX (08/06/2005)
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