arabrot
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Arabrot
Revenge - 2xLPs
Fysisk Format 2010

Alors que le cinquième album des norvégiens d'Arabrot se pointe début septembre, dont le nom, Solar Anus, vous évoquera à coup sûr romantisme et chasteté, il est grand temps de vous parler de Revenge, affichant à peine un an au compteur. Prolifique Arabrot qui aligne les disques comme dans un stand de tir depuis son premier single en 2001 et album en 2005, sans compter un autre split album cette année avec leurs compatriotes de Okkultokrati.
Et toujours pas un seul mot dans ces damnées pages alors que les albums précédents ont pourtant régulièrement tourné et réchauffé la chaumière. D'ailleurs, pas beaucoup de presse nulle part sur ce groupe dans notre beau pays. Les choses s'arrangeront peut-être avec le prochain album, enregistré par un célèbre binoclard résidant à Chicago et ça serait bien dommage, dans le sens que la qualité n'a pas attendu des noms ronflants pour venir se pencher sur le berceau d'Arabrot. Revenge est une belle bête de noise-rock mammouthesque, sonnant de feu de dieu. Articulé autour d'un noyau central et historique (Kjetil Nernes, chant, guitare baryton, compositeur en chef et Vidar Evensen, batterie), Arabrot taille dans la lourdeur autant que dans l'agilité. Libère la haine qui est en eux, en devant autant au malsain d'un Swans que l'étouffement d'un Noxagt avec une pointe de metal ferrailleuse d'un Black Cobra. Le tableau de chasse est somptueux et Arabrot magnifie tout ça avec une science du riff ravageur, des rythmes obsédants et un chant teigneux. Le chant est d'ailleurs un peu la marque de fabrique de Arabrot, comme si Nernes hurlait toute sa rage sans jamais desserrer les dents, qu'il gardait cette boule de frustration tapie au fond de la gorge pour mieux l'expulser. Arabrot creuse son propre trou et il est de dimension très varié. De la minute trente punitive où le seul sacerdoce est de répéter le mot Die jusqu'à ce que mort s'en suive (Murder) et le foudroyant End Of First Chant I. De morceaux rampants, lente déflagration obscène (The Pilgrimage). Du groove pernicieux à franchement rock'n'roll (l'imparable The Most Sophisticated Form Of Revenge), accentuant la pression d'avant en arrière sur la nuque, comme un bon vieux Fudge Tunnel en mode metal nordique. Et en morceaux piliers, deux monstres de douze minutes. The Dolorous Years, road movie dense et extravertie, s'achevant sur un rythme harcelant et hypnotique, avec une touche de piano et un brin de trompette/sample pour rassurer les familles nombreuses. Car Arabrot, c'est aussi un sens du drame derrière les manières de grosses brutes épaisses, de la magie noire pour mieux enrober leur sauvagerie. Quant à The Primrose Path, c'est l'apothéose en forme de trip doom, la longue (trop longue ?) descente infernale, venant clôturer un album primaire, nihiliste mais à l'envergure qui n'a pas finit de vous hanter les tympans.

SKX (01/09/2011)