arabrot
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Arabrot
Solar Anus - LP
Fysisk Format 2011
L'album débute
par Solar Anus, le morceau le plus long. Huit minutes pour mettre
les pieds dans le plat, tout de suite, à sec. Histoire de prévenir
de ce qui vous attend. Monts et merveilles de lourdeur et de douleur.
C'est d'abord ce titre d'album, Solar Anus, qui interpelle. Solar
Anus, parce que ton cul chauffe à force de se faire défoncer
par Arabrot ? Qu'il ne faut pas prendre son trou du cul pour le centre
du monde ? La vérité est beaucoup moins triviale et puise
son origine (si je puis dire) dans L'Anus solaire, texte de Georges
Bataille en 1927. Je me coucherais moins con ce soir.
Mais autant vous dire que je n'ai pas tout compris. Je désire
être égorgé en violant la fille à qui j'aurai
pu dire : tu es la nuit. Si ça signifie qu'Arabrot va vous
la mettre profond et qu'on ne va rien voir venir, alors là oui,
ça me parle beaucoup plus. Ou alors sexe et mort sont la même
chose, tout participe à un même élément rotatif
et éternel, Arabrot perpétuant le cycle d'une musique oppressante
née d'un trou béant qui se bouffe les entrailles jusqu'à
en crever.
Arabrot vous éclate de plaisir et le plus surprenant est qu'ils
ne sont que deux pour vous faire monter au paradis de la souffrance masochiste.
Un batteur et un chanteur armé d'une guitare baryton. Et la seule
présence de Steve Albini derrière les manettes n'explique
pas tout. Le groupe avait déjà fait appel à lui pour
leur troisième album, The Brother Seed, mais Arabrot en
était sorti déçu. Pas rancunier, ils reviennent à
la charge pour ce cinquième album et le trio se trouve enfin. Pas
spécialement dans le son de batterie, fidèle à la
légende qu'Albini s'est construite mais remarquable dans l'épaisseur
de la guitare, dans ses déflagrations, dans l'impression qu'elle
donne de s'être multiplié comme des petits pains pour mieux
vous les distribuer dans la tronche en retour.
La mer se branle continuellement. Encore plus répétitif,
cruel et obscène dans ses riffs, féroce dans le chant et
diabolique avec ce fond de sample religieux sur Auto Da Fe, Solar
Anus joue la carte d'un noise-rock massif, orageux, autoritaire. Chaque
morceau se nourrit du précédent. Débuter l'album
par le morceau le plus copieux (avec sa légère touche d'effet
synthétique sur la fin, rendu encore plus inquiétant) pour
en répertorier l'écho sur toutes les pièces suivantes,
le découper, le pourfendre, le piétiner. Avec acharnement.
Seul le monstrueux Madonna is a whore renoue avec une certaine
idée de vitesse présente sur les précédents
albums pendant que la ligne de chant sur le simili refrain de Odine
rappelle curieusement Nirvana en mode golgoth.
Parce que pour le reste, Arabrot a décidé de vous enfoncer
plus bas que terre, tellement bas qu'il enterre tous les Melvins du monde
et ses pourceaux, avec un minimum de moyens mais un maximum de dommages,
sans une once de gras, sans faire les guignols car ne se dispersant jamais,
distillant un sale parfum de malsain et une tension permanente.
Il serait temps de se rendre compte des énormes bienfaits de ces
deux norvégiens sur votre moi intérieur.
SKX (21/09/2011)
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