Spin Spin The Dogs
Leave Me In Leicester - LP
Gringo 2010

Groupe anglais originaire de Nottingham mais relocalisé à Londres, Spin Spin The Dogs vient de sortir son deuxième disque (après un 10'' en 2005 nommé Cats !, ce groupe est l'ami des bêtes) qu'il faut remettre plusieurs fois sur l'ouvrage pour comprendre quelquechose. Et encore, c'est pas gagné. A moins que le burlesque soit le fil conducteur de ces neuf titres et alors là, tous les coups sont permis. On pourrait évoquer la pataphysique, Pere Ubu, un peu de Badgewearer et une ribambelle de groupes obscurs, Joeyfat en tête.
Une belle bande de losers, qui existent depuis 2003, ont splitté plusieurs fois, remis le couvercle, copié Spinal Tap à la recherche du batteur idéal, alors forcément, au final, tout ça ne peut pas être très sérieux. Et c'est ça qui est bon. Tout tourner en dérision, s'en battre les bollocks des modes et du qu'en-dira-t-on, ne pas savoir à quoi va ressembler le morceau suivant tout en se demandant quel est ce truc qu'on vient d'écouter. C'est techniquement bancal, voir bancal tout court, fluctuant dans le dosage, erratique, compositions narratives avec des éclairs de lucidité. La morosité chassée à grands coups de pied dans les conventions avant de revenir se fracasser sur Leave Me In Leicester, dernier titre de la face A, instrumental flippant. Face B, Kingdom Time reprend gaiement les hostilités sur un air de ska, bancal comme il se doit, sortez hautbois et (surtout) trompette. Le chant/les chants donnent dans le grand n'importe quoi. C'est toujours à ce moment là qu'il faut ressortir la référence absolue en la matière, Al Johnson (US Maple), quoique celui-ci passerait parfois pour un Mormon à coté de la débilité ancrée dans le corps de Vincent Larkin, bien aider dans sa tâche par le batteur et des chœurs vaillants de comiques troupiers (Hungry For Love). Ils peuvent également faire preuve d'une finesse d'esprit incroyable avec le saisissant titre Sadam Insain ?, pet de mouche bricolé par The Sparks (spéciale dédicace aux années 80) ou de finir par des applaudissements nourris comme à un concert d'un groupe de rock progressif croate sur le plateau du Larzac (New World Hands). Entre toutes ces conneries, Spin Spin the Dogs trouvent tout de même le temps de rocker et de divertir son monde. C'est donc pour toutes ces errances clairement affichées, cet esprit loufoque, la bise de fraîcheur qui traverse la Manche (tu la sens la marée ?) et l'amour inconsidéré pour les losers patentés que Spin Spin the Dogs finit, dans un moment de faiblesse, par séduire.

SKX (27/05/2010)