Scul Hazzards
Landlord - LP
Rejuvenation/Whosbrain/Les Disques du Hangar 221/Shot Down / Bigoût 2009

Avec tous ces disques qui vous tombent de partout, cette facilité déconcertante à écouter tout et n'importe quoi, à ouvrir le robinet électronique pour vous noyer de sorties, on en viendrait à balancer aux oubliettes des albums dont l'écoute se prolongera bien des années plus tard. Il faut que ça pète tout de suite, sinon c'est la mort. On connaît bien ce danger mais ça n'empêche pas d'y tomber dedans encore. Scul Hazzards, vient donc faire un tour sur ma platine, six mois plus tard. Mais pas trop tard, jamais. A peine un an après leur premier album Let Them Sink, il ne fallait pas s'attendre à une révolution de palais du trio australien. Scul Hazzards continue de labourer le sillon d'un noise-rock fréquenté jadis par Rapeman et Hammerhead. Ni mieux, ni moins bien malgré l'impression première qui s'en était dégagée. On les attendait pour franchir un palier, à attendre je ne sais quoi de plus mirobolant, exigeant toujours plus d'un groupe, quitte à le voir crever devant notre petit nombril, alors qu'ils sont bien là, fidèles et honnêtes.
Slaughtered Pigs débute merveilleusement bien l'album. Un morceau connu puisque téléchargeable (à l'époque) sur leur précédent single virtuel. Un tube, un de plus, faisant parfaitement le lien avec Let them sink. Après, les choses se gâtent un peu. Rien de méchant (et encore moins six mois plus tard), juste l'impression que le groupe oeuvre en pilote automatique. Manque un brin de passion et de conviction dans l'exécution. N'empêche que bien des groupes aimeraient avoir des titres comme What they need (ça tombe bien), le slow viril Too late ou Criminals et sa rythmique hyper répétitive pendant que la guitare fait tous le piment et charcle à la Clockcleaner. Sans oublier ces lignes de basse qui vous laissent pantois.
La passion (toutes proportions gardées donc) renaît avec No Resolve. Scul Hazzards retrouve un second souffle, une ardeur qui les fait enfoncer le clou de morceaux encore plus convaincants. C'est quand ils s'essayent à un brin de complexité supplémentaire qu'ils sont les meilleurs. La fin de l'album, c'est l'autoroute du bonheur. Work, Suburbs, Keep Quiet, Killing Floor Blues, morceaux de bravoure décapants, viscéralement noise et habités par le feu sacré d'un groupe qui n'a pas inventé la poudre mais qui sait comment la faire flamber.
Un album à l'image de la pochette (qui n'est pas une franche réussite). Ça t'arrache la moitié de la tronche et il ne te reste plus que les dents pour sourire.

SKX (18/03/2010)