Zëro
Bobby Fischer - 10''
Ici D'Ailleurs 2009

Vous me croirez ou non mais le matin même du jour où j'allais apprendre que Zëro venait de sortir ce nouveau disque, un livre sur Bobby Fischer me passait entre les mains. Passionnant, n'est-il pas ?! Forcément, on se demande si c'est du même Bobby dont on cause et si le destin n'est pas plus fort que toi. Quelques clics plus tard et une commande express à Ici d'Ailleurs, la réponse n'allait pas tarder à tomber sous la forme d'une pochette avec un type en cravate devant un échiquier géant. Bobby Fischer, le roi des échecs, l'américain qui damna le pion aux communistes en pleine guerre froide, est bien le personnage principal de ces quatre nouveaux titres. Mais il faut bien regarder. Photo noire monochrome avec les paroles au verso, du clair sur du foncé qui nique les yeux pour 25 cms enfilés sans emballage, dans la viande froide du carton de la pochette. Zëro va à l'essentiel. Tout le contraire de cette chronique. Le format préféré de ces ex-Bästard ne nous met en tout cas pas échec et mat. Zëro continue de placer ses pions dans la continuité de Joke Box. On sait où on met les pieds. On pare les coups à l'aise. Aucunement surpris. On va pouvoir ressortir les mêmes qualificatifs qu'à l'accoutumée. C'est musical, ça respire la classe, avec ce détachement si particulier, cette démarche racée et la pointe de nerf pour titiller juste ce qu'il faut. On va tout de même s'empêcher de dire que Zëro ronronne, même si j'avoue que c'est l'impression première que ce disque m'a laissée. Mais à l'arrivée, le constat est toujours identique. Ce sont encore eux les gagnants de la partie. Ils vous bercent, ils vous endorment et puis le charme opère, insidieux. Notamment grâce aux deux morceaux de la face B. Pigeon Jelly et sa mélodie en boucle obsédante, sur une structure allant crescendo avant de couper net. Ca rend accro. The Cage joue également l'intensité larvée, le bouillonnement interne sur un coulis d'arpèges et de keyboards clinquants et une fin qui scie les jambes. Toujours la même chose certes mais putain que c'est bon ! Autre face, mœurs identiques avec un brin d'accroches moins évidentes. Que ce soit sur Bobby Fischer, le morceau ou Dreamland circus side show rappelant furieusement un titre des Bästard et une fin tout en apesanteur et en spleen de grands espaces urbains. Une fois encore, Zëro n'en fait pas des tonnes, à l'essentiel qu'on disait, tranchant mais avec tact. Pris une nouvelle fois dans la stratégie de Zëro, incapable de s'en dépêtrer et aucune envie de le faire d'ailleurs.

SKX (03/04/09)