Whitey
Don't Tread On Hope - CD
Sweet Fetus 2006
Is This Blues Enough 4U (Baby) ? - CD
Sweet Fetus 2007

Avant que Whitey ne pointe son nez l'année dernière avec un album totalement passé inaperçu, Andy Newman avait déjà réalisé deux autres disques dans un anonymat encore plus complet que ce The Whitey album. C'est dire ! Des disques sortis sous le manteau sur le propre label de Newman, Sweet Fetus records, label qui avait déjà réalisé deux singles de Glazed Baby au tout début des années 90. Parce que - faut-il vous le rappeler bande de malentendants - le Newman de Glazed Baby et le Newman de Whitey ne sont qu'un seul et même homme et pour tous noiseux qui s'y croient, c'est avec respect qu'on écoute le Monsieur. Ce qui n'empêche pas d'être critique ! Il faut donc prendre ces deux disques comme une remise en route, des articulations rouillées qui se cherchent une voix sur laquelle remettre la gomme.
Ca recommence en 2006, voir en 2005, tout ça est flou avec Don't tread on hope, un CD cinq titres emballé dans un genre de poster double A4, dessiné des deux cotés et dont on ne sait rien sur l'auteur. Ca sent la bonne photocopie laser, autant dire le grand luxe pour Whitey. Des compos qui ne sont pas encore hantées par le blues comme ses poursuivants. C'est sec, épuré, faussement lent, ça sent la peine et la douleur, Newman a la voix qui traîne et le coup de cafard d'années moroses mais ça reste rock avec ce petit grain noisy pour donner de l'épaisseur. C'est même carrément glauque sur un justement donné Goin' down où pendant six minutes, tonnerre, piano famélique et batterie martiale vont superbement plombés l'atmosphère.
Une guitare, une batterie avec son pote Dan où le temps d'un A love withdrawal ou 6 Feet under, le souvenir d'un Glazed Baby en version filtrée se pointe et c'est loin d'être déplaisant. Newman n'a pas perdu la main.







En 2006, ou quelque chose comme ça, premier véritable album toujours emballé dans un genre de poster dans un format en longueur bâtard. Son nom en forme de question Is this blues enough 4U (Baby) ? Une interrogation qu'il faut prendre à la lettre. Si t'as le blues encré en toi comme la plume sur le cul d'un canard goudronné, la réponse est non. Par contre, si le blues provoque en toi une poussée d'urticaire à faire vomir un bouc, la réponse est oui. Alors en bon Normand que je ne suis pas du tout (j'ai bien des défauts mais pas celui là), la réponse se trouve entre les deux. Des éléments de blues, ces rythmes, ses lamentations, sa guitare slide, une atmosphère traînante et sentant le sud. Le fait que le disque fut enregistré à New Orléans ne doit pas être étranger à cet élément poisseux collant à la musique de Whitey. Mais Newman n'a pas la voix d'un noir du delta mais d'un p'tit blanc meurtri par des années de noise-rock. Les intentions de blues sont là mais passées dans les mains perverties d'un ex-Glazed Baby, ça donne une étrange mixture tour à tour prenante ou plus anecdotique. Ca va de la ballade blues presque traditionnelle (Hot'lanta ryder) à l'instrumental bancal et aliénant (Desperation blues) au rythme cadencé d'un Dizzy Miss Lizzy dont le violon final n'est pas le seul charme, sans oublier la complainte semi-acoustique et vicieuse de Sixth of the sixth. Newman et ses deux nouveaux acolytes ne peuvent s'empêcher de pratiquer un blues mutant, de saloper les racines et mettent les bases d'une musique hybride que viendra confirmer l'excellent Whitey album. Et on se rappelle qu'au temps de Glazed Baby, sur l'album Karmic Debt, ils reprenaient déjà du blues avec le Mad man blues de John Lee Hooker. Un vieil amour que Newman assume plus que jamais, lui donnant sa propre version. Version que les puristes du style ont toutes les chances de fuir en courant.
Le quatrième album est déjà en préparation. Vous pouvez écouter un titre sur leur myspace et il se murmure qu'une tournée française avec un groupe de Libourne commençant par un B pourrait se faire un de ces quatre…

SKX (03/02/2009)