Whitey
The Whitey Album - CD
SF recordings 2008

Quand un inconnu bien intentionné m'a parlé d'un nouveau groupe d'un ancien Glazed Baby se nommant Whitey, j'ai eu peur que ce soit ce groupe de kékés. Groooosse frayeur. Heureusement, Andy Newman (l'ex-bassiste-chanteur de Glazed Baby puisque c'est de lui qu'il s'agit) n'a pas viré sa cuti. Le bruit, les stridences, les lourdeurs continuent de l'obséder. Tant mieux pour notre gueule ! Ca et le blues. Car à lire de plus près ses déclarations, Whitey ferait du blues. Si on considère que tout le rock'n'roll découle du blues, on peut comprendre cette prise de position. Mais il y dans ce deuxième album un delta en crue que je ne franchirais pas. A peine le temps de se demander ce que Newman devient que vous vous prenez deux morceaux décapiteurs de troisième âge, vous dessinant un sourire jusqu'aux oreilles. Texxxass 69 et Barely Legal, en dehors d'avoir des titres suggestifs, reprennent le flambeau de Glazed Baby, la puissance de feu d'un croiseur avec des flingues de concours, une couche de graveleux supplémentaire. Notamment Barely legal complètement entêtant avec sa rythmique de plomb digne d'un Melvins et sa voix hantée. Tout vibre. La batterie, les cymbales, ça ferraille, ça cliquette, sainte distorsion du réel. Je remercie l'inconnu du monde virtuel de m'avoir mis dans le droit chemin. Après les choses se compliquent. Pas dans le sens où la qualité s'en va avec le dernier larsen. Mais le rapport à Glazed Baby se fait plus distendu. Le Newman se fait malin et retors. Prend des chemins déviants. Pas encore tout à fait prépondérant sur Oh, Oh Marie mais beaucoup plus sur Well Well Well. La faute à la reprise puisqu'il s'agit d'un morceau de John Lennon et même sous l'emprise d'un Whitey déchaîné, ça reste du Lennon. Sept minutes qui, sans être désagréable, ramènent sur terre. Avec CNHC, c'est le Glazed Baby de Ancient Chineese Secret qu'on retrouve. Voix sous la limaille, sons anarchiques, saturations à tous les étages. Je rebande. Puis l'emprise de la cover pointe à nouveau ses vilains tentacules. Whitey s'attaque au répertoire de Jeff Buckley avec Nightmares by the sea. Jeff Buckley et moi, ça fait deux mais cette reprise donne envie d'écouter l'original, même le refrain aérien où Newman se prend pour Buckley dans le chant. Une reprise propre à faire boire la tasse deux fois à Jeff Buckley. A partir de là, on ne jure plus de rien et Whitey s'enfonce dans le bayou version noise. Imprisonment Blues sonne aussi comme une reprise mais n'en ai pas une. A se demander si tout ça n'est pas pour rigoler ou non. Solo de guitare en prime. Bref passons. Mais quand ils exécutent un Going to Nola au banjo sur l'air de When the Saints go marching in avec chœurs de poivrots et ambiance de kermesse, on opte pour la version second degré. On veut y croire en tout cas ! Whitey se rattrape sur le morceau final. The 7% solution avec un sample de Gene Wilder dans le rôle de Frankestein ajoutent une dimension foldingue à ce morceau saignant. Un album à deux vitesses qui, sans ces reprises (quoique très plaisantes) et sa fin clownesque signe le retour de Andy Newman au premier plan de nos chimères noise.

SKX (24/03/2008)