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Vergogne Un moment qu'il traîne cet objet mais on aurait tort de le bouder plus longtemps. Contrairement à Vergogne, j'aurais eu des scrupules. Parce que déjà quand on se nomme Vergogne et qu'on appelle son premier album Sans, c'est faire preuve d'un humour qui marque un premier point. On ne s'ennuie pas à Poitiers. Mais je m'égare. La musique donc. Sur le maigre sticker promo, les deux labels poitevins ont cru bon rajouter une liste de noms de groupes censés être d'un bois identique ou quasi à Vergogne. Avec la mention maybe, on n'est jamais trop prudent. Rumah Sakit, Oxes, Amanda Woodward, Don Caballero, Sleeping People. Ca vaut son lot d'équations et d'arithmétique pour les nuls. On se demande juste ce que vient foutre Amanda Woodward au milieu de ce congrès de matheux !? Le reste est à l'appréciation de chacun. Les comparaisons ont toujours leurs limites. La première est que Vergogne, contrairement à tous ces groupes (sauf Amanda Woodward qu'on élimine définitivement + le dernier album de Don Cab) n'est pas uniquement instrumental. Le trio de Poitiers a eu la bonne idée d'inclure du chant, aussi économique soit-il et un rien faiblard dans le timbre, poussant jusqu'à la clarinette sur plusieurs titres (dont je ne connais toujours pas les noms) et leur math-rock en prend un sacré coup dans la tronche. D'ailleurs, c'est toute l'idée du math-rock qui en prend pour son grade avec Vergogne. A l'instar de 37500 Yens, le groupe rajoute un allant supplémentaire à leur triptyque guitare-guitare-batterie, se dépêtrant des fils du math-rock et de combinaisons trop complexes pour offrir six titres lumineux avec du coffre et de l'ampleur. Des moments de suspension en plein ébats électriques, de grands bols d'air au milieu d'un bel enchevêtrement de guitares, des petits effets de sonorités qui n'ont l'air de rien mais qui apportent de la richesse, des guitares qui explosent là où on ne s'attend pas, de la nervosité mais aussi une certaine plénitude. Vergogne a travaillé ces compositions en profondeur, maîtrise parfaitement les changements de cadence et prouve qu'en matière de math-rock, on peut encore faire du neuf avec du vieux pour ceux qui veulent bien se donner la peine de chercher et ne pas appliquer les recettes bêtement apprises. Le futur se fera avec Vergogne. SKX (04/12/2009) |